L’édification de l’Epistémologie

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3- Puis l’édification de l’Épistémologie et des sciences de la morphogenèse nous ont ouvert la porte à l’espoir d’une évolution future.

30- Mais que serait le Monde sans Emmanuel Kant ? Le plus incompris, le plus inconsidéré des philosophes de son vivant et le plus commenté dès lors. Grand inspecteur de la raison, « que puis-je savoir ? », « que dois-je faire ? », « que puis-je espérer ? », pour en conclure « l’homme n’est pas un centre mais une méditation problématique ». Contemporain de la Révolution française, au même titre que Charles Fourier, il aimait préciser : « c’est la réforme qui importe, la révolution vient quand les réformes n’ont pas été effectuées ». La pensée de Kant, c’est l’Homme considéré comme une fin en soi pour l’Homme et qui doit être garantie par l’État. En bon épistémologue dont il initie la science, le « sujet » au sens de Kant, c’est le sujet de la connaissance et de ses méthodes face à l’objet, c’est-à-dire la réalité du Monde. La période post-révolutionnaire est dominée par la philosophie des Lumières : Hobbes, Hume en Angleterre, Rousseau, Voltaire en France, Goethe, Schelling en Allemagne. La tendance contre-révolutionnaire de l’école philosophique d’Iéna se comprend par la nature pragmatique de la pensée romantique d’outre-Rhin. Par une lecture assidue des écrits de Spinoza, que le compositeur Mendelssohn considérait comme un passage obligatoire pour tous les chercheurs de l’esprit, Goethe s’oriente irrémédiablement, à la suite de Spinoza, vers une forme de pensée immanentiste. Cela veut dire que la nature possède en elle-même les ressources de son propre changement, sans intervention extérieure.

31- Dans ses essais scientifiques comme « De la théorie des couleurs », «

« Essai sur la métamorphose des plantes », « La métamorphose des animaux », Goethe ouvre la porte aux théories morphogénétiques et aux théories de la forme. Ainsi, Goethe nous parle d’un « Dieu conçu comme une activité perpétuelle qui, de métamorphose en métamorphose, produit en lui l’infinité des formes existantes, dans un mouvement continu, sans ruptures », qui suscite l’idée que l’enveloppement de l’âme pour toute chose constitue une théorie des formes qui s’avère pouvoir être une théorie des âmes. À la suite d’Emmanuel Kant, Goethe opère un nouveau décentrement du sujet épistémologique. À l’inverse d’une conception réductionniste du monde, le goethéanisme s’approche d’une pensée synthétique (ou globale) et, en cela, s’oppose à la raison analytique d’un Newton, illustrée par l’oraison du poète Heinrich Heine reprenant les fondamentaux de la philosophie : « Désormais, la doctrine de Spinoza est sortie de la chrysalide mathématique et voltige autour de nous sous la forme d’une chanson de Goethe ». Que nous aimerions à notre tour chanter durant notre vie, une chanson de Goethe, orchestrée dans une variation de Bach, mais il faut pour chacun développer grandement son attention au monde et aux autres. La relation qui lie le lecteur à son auteur est une relation filiale, et pour moi, l’auteur que je ressens le plus proche, tel un ami sincère, c’est bien Charles Fourier pour son esprit tout à la fois sophistiqué et torturé, et pour avoir tenté de toucher l’indicible de la nature humaine.

32- Chaque être a sa singularité propre qui lui reste à atteindre, selon Charles. Ainsi, avec lui, en 1808, nous nous orientons doucement vers la conception d’un monde nouveau fait de relations de nature phénoménologique, d’éléments individuels face à la structure sociale produisant des fonctionnalités en des flots d’informations signifiantes. Pour clarifier, reprenant la réflexion d’André Breton à son sujet : « Le social, faussant le libre jeu des passions données par la nature comme base du bien commun, un moralisme néfaste a installé des contraintes permanentes, comprimé les passions, créé des devoirs factices. Il en est résulté pour l’individu une vie insupportable, pour la société un désordre affreux et pour l’univers tout entier qui pâtit de la déplorable organisation sociale, un dérèglement général : les hommes dans l’actuelle civilisation « morcelée » sont incapables d’organiser la planète, de la mettre en valeur. S’ils s’unissaient en donnant un essor calculé à leurs passions, ils pourraient accomplir les gigantesques travaux qu’attend la planète, tels que le reboisement des montagnes, l’irrigation des déserts, ce qui amènerait une modification des climats ; le monde tout entier, dans les périodes qui suivront l’actuelle, dite « civilisation », connaîtra l’apaisement dans l’harmonie avec la nature. Car dans l’Univers, tout se correspond. L’univers fait le modèle de l’âme humaine et l’analogie de chaque partie de l’univers avec l’ensemble est telle que la même idée se réfléchit constamment du tout dans chaque partie et de chaque partie dans le tout ». À la suite de François Rabelais et Thomas More, Charles Fourier, avec ses idées de « Théorie des quatre mouvements », de « Démocratie du potager », d’« Astrosophie » et de « Gastrosophie », est le Maître de l’Utopie. Cela en fait, en l’an 1808, le premier socialiste, le premier féministe et le premier écologiste de l’Histoire.