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54- Scène quatrième : La fronce
« T’entourer, puis t’entourer, et encore t’entourer ! ». Mère Louve adopta petit Benoît dans son équipe, qu’Hanaë tenait sous son aile protectrice. Il serait son bras droit dans la stratégie du quarton des dix-sept louves. La connaissance des tunnels et de la topographie de l’Ouest parisien nous donnait ainsi l’opportunité de jouer un rôle dans la première vague d’assaut. Mère Louve acquiesça à mon point de vue et chacun adoptait sa place dans l’escouade de percement que nous allions constituer. Jauko, qui aime prendre la tête, va devoir cette fois montrer son talent. Le Glitch peut aussi nous fournir un bon lot de trials-wingsuit et Galouzo compte nous concocter un cocktail d’éveil et de vigilance pouvant nous maintenir sans dormir soixante-douze heures durant. La première vague doit être une vague de tests et de renseignements sur la fiabilité du système de barrière électronique qui bunkerise la capitale. Nour escompte nous former au tir à l’arc hypodermique en trial wingsuit et Mère Louve va nous attribuer une poignée de lieutenants pour notre mission. Le but était d’assister Alix pour maintenir sa position et atteindre la mairie sans finir dans les geôles ou les Guantanamo de l’Empire.
À ce moment de l’intrigue, toute l’humanité faisait face à une foi inéluctable en son destin et d’une telle manière dont elle n’avait jamais été confrontée jusqu’alors. L’enthousiasme des peuples en révolte contre l’intransigeance suprême du pouvoir technologique des armes et de la violence « légitime », maintes et maintes fois éprouvé tout au long de l’histoire humaine, mettait en œuvre cette foi-ci toutes ses forces et risquait de faire basculer la foi en toutes choses pour la bonne marche du monde. Les forces en présence avaient capté, déchaîné et confronté tous les aboutissants entre eux à tel point que le cosmos en fut offusqué. Un statut d’état d’urgence absolu fut décrété sur tout le territoire et tout l’appareillage policier et militaire fut mobilisé dans les environs de la capitale. Leur stratégie d’attaque en formation tortue ou de quarterons carapacés contre la sédition donnait largement l’avantage aux tribus éminemment mobiles et volatiles, mais le bilan des accrochages était malgré tout dramatique. La stratégie Alix-Beckerman était de former un quarteron de tête auquel ils participeraient pour atteindre la mairie du 1er arrondissement, assistés d’une vague de formations et de groupes armés organisant des tirs de barrage à base de frondes à billes métalliques, de patators de puissance, de lanceurs à mottes qui avaient l’avantage de dévier les hydro-billes des condés et toute sorte d’armes que les tribus perfectionnaient depuis l’effondrement des ressources de 2040, le point redoutable restant les tazo-lasers embarqués des cops et les systèmes de ciblage électromagnétiques à ondes ultra-courtes que nos IA-quantiques azimutables savaient détecter et éviter à tout prix. À la veille de la première offensive, une troisième missive en pure langue OA de nos cousins lointains arriva aux dix-sept louves. « Jimmy, comme tu l’as déjà compris, le processus de l’existence ne peut se maintenir hors d’un espace fondamental, « potentiel, structure, fonction ». La conscience obtient son potentiel par la mise en tension de l’inconscient se révélant dans une structure de perception d’un contenu de cet inconscient et ayant pour fonction la capture de ce contenu dans le but d’une relaxation émotionnelle et menant à l’intégration de ce contenu par la conscience. Cela implique remise en question intellectuelle, préparation sensorielle, neutralité affective, abaissement du seuil de la conscience, émergence d’un contenu inconscient, son évaluation, son acceptation, sa confrontation au conscient, par des outils que tu dois bien connaître aujourd’hui, il nous semble. Nous savons qu’au travers de tes conversations obtenues avec de grands Maîtres éminents dans tes voyages hypnagogiques, ton cheminement intellectuel et ta trajectoire cosmiquo-affective-narcoleptique, tu nous comprends. Mais malgré tout, nous te faisons un petit rappel. Donc, considérons dans un diagramme psychogènique une variable (u) représentant le retour à l’inconscient collectif, une variable (t), le temps, et une variable (w) de structuration du moi afin de modéliser ton état psychique. La fronce est le moment où l’activité inconsciente, les rêves hypnagogiques, viennent recouvrir la part consciente du psychisme, comme un pli dans les draps, une couverture nuageuse sur tes humeurs. Ainsi, elle peut être conceptualisée au travers d’un modèle des mouvements de l’inconscient à l’aide de ce jeu de variables. Il y a deux types généraux d’attitudes – l’extraversion et l’introversion – et quatre types fonctionnels – qui sont précisément de types pensée et sentiment. Cela nous donne en réalité huit classes de fonctionnalités différentes. Mais même si l’on n’en reste seulement qu’aux quatre fonctions, on peut légitimement les envisager comme des repères d’orientation des individus, ainsi que pourraient l’être les points cardinaux en géographie. Chaque personne présente en effet un type fonctionnel dominant qu’elle utilise préférentiellement et qui entraîne l’étiolement progressif des types fonctionnels restants. Ce contenu peut être plus ou moins « assimilé chez le pensif », « vécu chez le sentimental », « constaté chez le sensitif » et « révélé chez l’intuitif ». Si on en revient au contexte psychique, cette variable correspond à l’évolution de la différenciation des attracteurs conscient et inconscient personnel. La variable (u) du morphème mathématique de la fronce constitue en fait un frein, une sorte de résistance à la structuration de la psyché ; elle est sans cesse dirigée vers la région du « régime stable » où les attracteurs n’existent pas encore. En fait, cette variable correspond vraisemblablement au retour spontané vers l’inconscient collectif, ce qui est somme toute logique. En effet, lorsque la communication entre l’inconscient personnel et le conscient n’est plus possible, l’inconscient collectif se manifeste et arrive à débloquer cette situation en proposant des symboles archaïques, tirés du patrimoine phylogénétique. Cette première phase aboutit à la perception du contenu inconscient sous la forme d’une image qui a valeur de symbole ; cette chose perçue en tant que totalité, un quelque chose d’inconnaissable, petit à petit parlera en nous. Ce symbole, véritable message de l’inconscient, finira peut-être par être intégré dans le conscient après toutes les phases et tous les cycles dont nous avons parlé dans notre précédente missive. La fonction transcendante nous apparaît donc comme contenant un possible « troisième terme » inclus dans la complémentarité des différences et leur tension, et permettant une issue au conflit apparent des deux positions opposées, à savoir un conscient figé dans son unilatéralité, c’est la représentation de l’Empire, plus un inconscient bloqué dans son accumulation de libido, qui aboutit à la révolte des tribus et figure en quelque sorte le bras de fer auquel vous êtes confrontés et que vous avez à vaincre. Cela est très probablement à rapprocher du fait qu’il faut renouveler périodiquement le rite sacrificiel de régénération que l’on appelle rite « néguentropique ». Ainsi, sur le plan de la topologie de l’inconscient, nous modélisons le processus de régression par une variable (u) à laquelle nous avons attribué une signification entropique, et un processus de progression du moi à une variable (w), tout cela dans le cadre de l’émergence du morphème mathématique consécutif de la fronce qui forme une queue d’aronde et que vous connaissez bien, et partant du développement du moi tend à réaliser la totalité. Il semble que dans le cadre plus général du soi, cela produit un ombilic parabolique ; c’est une extension vers le « sacré » collectif et relève de la variable (t) qui est le temps, tandis que le retour aux éléments pulsionnels personnels relève de la variable (w). Ce qui ne signifie pas un retour systématique au moi individualisé d’origine, mais rend compte plutôt d’une tendance inflationniste d’une personnalité individualiste qui s’approprie les éléments collectifs ; on connaît la figure nocive du gourou ou du directeur de conscience. C’est en effet cette variable (t) qui donne la direction de la véritable évolution psychique et qui ouvre à la complexité néguentropique par accumulation d’expériences collectives, c’est-à-dire in fine le soi. Pour nous, en effet, devenir conscient signifie devenir entier, c’est-à-dire capable de vivre en pleine harmonie avec la Nature dans son intégralité. Il faut pour cela commencer à vivre cette harmonie avec son environnement relationnel, la condition étant de posséder un moi suffisamment fort et solide. Voilà, Jimmy, tu es le mieux placé pour souffler sur les braises du temps ; nous avons toute confiance en toi, fils, toute notre affection à Ameele, tes cousins très loin dans l’au-delà. » … Bigre, ces histoires d’ombilics me terrifiaient ; je ne me sentais le nombril de rien ni personne, et en quoi devais-je me sentir tant concerné par le sort définitif de l’humanité plus qu’un autre, et pourquoi devais-je mourir dans sept ans ? Tout le monde dans l’Airstream de Mère-Louve me regardait interrogatif alors que je n’avais que des questions en bagage. « Chacun interprétera cela comme il peut », dis-je, « mais l’essentiel c’est de s’entendre ! » Hanaé me fit remarquer qu’elle partageait mon sort et Nélïa, présente à Villeréal avec Binta à ce moment des événements, me conseillait de consulter petit Benoît pour ces questions qu’il connaissait bien, chose que je fis instamment. Petit Benoît était ravi d’embarquer dans l’aventure et me proposa de venir rejoindre Nélïa à l’Airstream de Mère Louve. La missive céleste ne déclencha chez lui qu’un « c’est évident ! », et nous étions tous impatients de l’élucidation de tous les flous et les inconnus de cette missive. « Tu ne peux empêcher l’inflation du moi », commença petit Benoît. « C’est son principe de structuration ; pour le contrôler, c’est une question d’acuité à soi-même. Dès que ta structure écrase l’insignifiant, c’est une coupure à soi-même, à sa nature ; il faut revenir et observer », « c’est un nouveau départ ! ». Merci Benoît, les choses deviennent un peu plus claires, mais qu’en est-il du principe d’invisibilité ?
« T’entourer, puis t’entourer, et encore t’entourer ! ». Mère Louve adopta petit Benoît dans son équipe, qu’Hanaë tenait sous son aile protectrice. Il serait son bras droit dans la stratégie du quarton des dix-sept louves. La connaissance des tunnels et de la topographie de l’Ouest parisien nous donnait ainsi l’opportunité de jouer un rôle dans la première vague d’assaut. Mère Louve acquiesça à mon point de vue et chacun adoptait sa place dans l’escouade de percement que nous allions constituer. Jauko, qui aime prendre la tête, va devoir cette fois montrer son talent. Le Glitch peut aussi nous fournir un bon lot de trials-wingsuit et Galouzo compte nous concocter un cocktail d’éveil et de vigilance pouvant nous maintenir sans dormir soixante-douze heures durant. La première vague doit être une vague de tests et de renseignements sur la fiabilité du système de barrière électronique qui bunkerise la capitale. Nour escompte nous former au tir à l’arc hypodermique en trial wingsuit et Mère Louve va nous attribuer une poignée de lieutenants pour notre mission. Le but était d’assister Alix pour maintenir sa position et atteindre la mairie sans finir dans les geôles ou les Guantanamo de l’Empire.
Petit Benoît connaissait bien la question et me proposait de venir discuter du problème avec sa maman, Claire Maestro, qui avait été confrontée à cette difficile question de la technique de disparition. Madame Maestro n’est plus du genre à se laisser berner par un beau parleur ou un curieux, tout professionnel soit-il. Elle avait su éloigner les corbeaux, les pies et les oiseaux de malheur durant quinze ans pour le bien-être de petit Benoît et elle pouvait m’en apprendre sur le sujet. « Tout est dans la qualité de l’entourage », me confirma-t-elle. « Si tu sais t’entourer d’une bonne garde prétorienne, tu dois tout d’abord disparaître des réseaux, premier point. Puis ne concède des échanges qu’avec ta seule garde personnelle, deuxième point. Ta garde personnelle, en qui tu dois avoir pleine confiance, ne doit échanger des informations qu’avec un entourage sélectionné, et exclusivement avec cet entourage, formant un troisième cercle, troisième point. Ce troisième rempart doit conserver le mystère et propager la légende, c’est le point quatre. Ainsi muni, petit Jimmy pourra se dissoudre à loisir et réapparaître comme bon lui semble, c’est le dernier point. » La démonstration de Maman Maestro s’en trouve éloquente. Une fois l’invisibilité organisée par la Grâce des belles Amazones en ma connaissance, il me restera à repenser mon projet de réseau de nourrices en fonction de la nouvelle situation
En surface, des nuées de trials de zadistes-écolos doivent disperser les formations militaires et les déborder. Les informations, par ce principe, circuleront entre la surface et les sous-sols investis de nos trials wingsuit, multipliant l’affolement du système et sa doctrine du maintien de l’ordre. Rougeoi Saint-Jolie soufflait de toutes ses braises d’ironie sarcastique sur les réseaux d’influenceurs à l’adresse d’Yvan, qui lui rendait bien par ses Haka Yakanamouraché sur le terrain des opérations, diffusés en live dans tous les tuyaux possibles. Cette stratégie de frayage et de martèlement incessant des éléments de la sédition entre surface et sous-sol épuisait littéralement les Robo-cops, n’arrivant même plus parfois à passer les petits boyaux du Subway parisien ou à suivre les yamaka-zèbres sur les toits et les terrasses les plus volages de la cité. La conjonction Alix-Beckerman se lie par deux stratégies différentes dues au caractère à tendance mytho-psychique et fantasmatique des nomades qui s’imaginent une félicité du phylum thermo-dynamique et du caractère progressiste « vertueux » des militants écologistes sur le chemin du Grand Homme. Ainsi, les tribus leur fournissaient l’équivalent d’une carte en temps réel de l’état de l’offensive contre les barrières électroniques pour permettre l’accès-prime à notre couple historique : Alix, la conteuse des tribus, et Yvan Beckerman, le romantique des éco-villages. Ils étaient les acteurs espérés du renversement du siècle pour le règne du tout inclusif des Tribus. Et c’est à la mairie du 1er arrondissement de Paris qu’il sera consacré. L’euphorie était à son maximum ; était-ce notre consommation d’alcool exclusivement cucurbitacée depuis trois mois ou nos relents de phényléthylamine ? Mais tout le monde avait assimilé les leçons du grand poète Akim Bey sur la stratégie des TAZ nomades et des ZAD écologistes, y compris les tribus Sethy qui avaient généreusement partagé leur trésor de guerre entre tous les villages du centre. De plus, le roi que l’on ne voit jamais s’était même pour la première fois exprimé sur le réseau de Mère Louve : agir intensément sans risques, se réunir et disparaître. L’In-group des Tribus fait que l’on n’abandonne jamais personne et les cops que l’on capturait évoluaient naturellement au travers du syndrome de Stockholm, devenant militants de la cause indigène à leur retour dans l’Empire, surtout après trois mois de vélo-percepts qu’Yvan leur fait automatiquement subir, en plus du régime cucurbitacé-phényléthylaminé et le rituel permanent des danses Haka Youkoulélé, Aminata-Inyatous tous les soirs sous la lune. Les cerbères revenaient au bercail en tongs, nez au vent, sourire Casoar, chemise romano-hawaïenne et lunettes d’écaille de morue. Encore une fois, l’opération rendait fou le Président de l’agglomération parisienne qui prédisait toujours une fin funeste à l’adresse d’Yvan Beckerman.
Providence s’est mise à l’organisation du processus de confection de matériel wingsuit et de combinaisons Yamaka-zèbre pour les tribus, ainsi que de duffle-coats de camouflage pour les militants écolos. Ses machines tournent à plein et ont même embarqué Belina dans la confection de « Tipi-bambou » avec Galouzo pour en faire des perches offensives contre les formations en tortue des cops et des boucliers dichroïques contre les lasers embarqués. La confrontation promet un beau désordre au risque de chambouler les cartes dans un sens ou dans un autre, et toutes les parties en présence en prenaient conscience. Tout est question de stratégie, et les IA-quantiques en revendiquent de même les compétences. Elles s’étaient consultées entre elles et en étaient arrivées à une proposition étonnante qui ne manquait pas de piquant et qui semble séduire la majorité en présence. Elle consiste en une escouade de percement de huit à dix combattants constituant la tête de pont, emmenée dans les sous-sols et les boyaux les plus profonds de Paris par Rominagrobis ! Qui ne connaît pas ici Rominagrobis ? Tout le monde au camp connaît Rominagrobis, le chat fétiche des Lycans, un gros beau matou roux, tigré de rayures calcinées, bien gros, bien gras, avec une queue de renard bien touffue et pelagée comme un tigre de fresque baroque, moustachu comme un mage moudjik avec une figure de tigre de papier, aux oreilles bis-orientables. Il vivait paisiblement sur les toits des mobiles-homes et des caravanes de la tribu, ne les quittant que pour la pitance qu’il avait à profusion, vu qu’il était le chat de chacun. Personne ne pouvait imaginer que Rominagrobis puisse faire autre chose que manger quand tout est prêt, les pattes sous la table. Mais son penchant irrésistible pour les rats le fait encore bouger le popotin. Présentez-lui une souris et Rominagrobis se métamorphose en léopard. À lui seul, il a disséminé plus de rats du camp que tous les jeunes chat-tigres qui sillonnent la tribu à coups de combats singuliers, ne formant qu’une cohorte de filous félins. Le convaincre de participer à l’aventure ne va pas être bien difficile, vu qu’il s’agit d’aller pourchasser les gros rats de la capitale. Tout le monde est parti à la recherche du roi Rominagrobis qui nous a déjà bien captés. Il s’est logiquement réfugié sur le toit de l’Airstream de Mère Louve, aux côtés du coq gaulois, faisant mine de rien, indiquant la direction du vent, mais sa queue de renard le trahit toujours. Il venait d’une lignée croisée renard qui en faisait un animal hors des atteintes de la Déesse lionne ; c’était un exemplaire de la race Canus-Tigrus au flair imbattable. Une bonne platée goratienne avec des restes de sardines craquées grillées d’épices suffit à le faire descendre et participer aux investigations. Ainsi, dégustant son plat préféré, il nous manifesta son attention. Galouzo, qui maîtrisait bien la sémiologie féline, lui signifia gestuellement tout notre plan d’action pour l’assaut de la capitale. Les yeux de Rominagrobis s’illuminèrent à l’instant même de l’évocation des gros rats qui remontent en permanence les boyaux de Paris. L’affaire était dans le sac. Une fois convaincu, le moment venu, on dut l’équiper d’un palto de cuir, de lunettes de plongée pour lui protéger les yeux et de l’assistance d’une IA quantique pour l’azimutabilité, les oreilles libérées pour la détection des gros rats. Notre Rominagrobis avait l’air d’un héros du steampunk tout droit sorti d’une machine rétro-romantique. Les plus gros rats circulent au plus profond des boyaux les plus fins du réseau urbain francilien, qui interdisent le transport des trials. Le voyage va se faire sans et sera récupéré une fois les deux barrières électroniques enfoncées. Trois équipes s’organisent, avec comme tête de pont Rominagrobis, Galouzo, Jauko, Nélïa, Binta, Providence, Nour et moi, et les groupes de couverture Gylia et Bigali, Alix, Hanaë et petit Benoît, le Glitch et son lieutenant, et le groupe Zéline, plus les militants écolos. Le départ doit se faire à l’aube et l’escouade entrer par les plus fins boyaux. Les IA-quantiques nous indiquent le septième sous-sol, et Rominagrobis frétille comme une anguille. L’animal file comme une torpille et nous ne le suivons qu’avec difficulté, n’ayant que la lueur de sa queue de renard pour le repérer dans le noir. Ça fait comme avec la flamme du phare d’Alexandrie, mais dans la pénombre hivernale et dans les intestins les plus fétides de la Babylone moderne. Plus nous progressons, plus nous devons remonter de niveau au risque de rencontrer les forces de l’Empire, ce qui arriva au quatrième sous-sol du Grand Parly II où un piège parfaitement organisé ne devait laisser passer personne. Le drame fut évité de justesse grâce à la vigilance de Rominagrobis qui préféra replonger dans les boyaux les plus profonds à l’approche de l’agitation suspecte et sur la foi des rats qui maintiennent entre eux un bon réseau d’information de type Rattus-rattus inégalable. Notre IA quantique nous indiquait la position des yamaka-zèbres en surface et le ballet avec les cops était hallucinant. Ces yamaka-zèbres dessinent sur les toits un manège incessant, tournoyant tour à tour par petits groupes de trois par trois, se séparant, se recomposant en tactique de trois par trois inversé, se séparant encore, se recomposant à nouveau et tricotant entre eux les groupes de kamikazes au gré du vent, dessinant sur nos écrans un déconcertant ballet circonvolutionnaire tourneboulant laissant les carapacés sur le carreau. La progression se passe bien. Ayant atteint la « Fausse repose », la lumière du jour qui enfin nous baignait le visage en émergeant à la surface nous apporta un grand souffle d’optimisme et nous permit d’avoir un rapport nouveau à la situation. Sur l’IA quantique, les yamaka-zèbres continuent de virevolter en progression tandis que les trajectoires des trials des écolo-militants explosent partout dans le dédale urbain à en retourner la tête du centre de coordination des opérations de sécurité. L’avantage semble pencher vers les indigènes, beaucoup plus légers et rapides. « L’espèce qui survit est celle qui a sa vitesse de déplacement la plus efficace », et là on pouvait le constater. Les casqués casquent durement la rigidité de leurs carapaces tandis que les jouteurs en sédition jouissent de l’élasticité de la science nomade. Mais le risque n’est jamais écarté de finir dans leurs filets tendus vu la puissance de leurs moyens technologiques. Les armes électromagnétiques à ondes courtes azimutables étaient les plus dangereuses, pouvant atteindre quiconque individuellement à distance de trois cents mètres et ce malgré l’épaisseur des murs. Les IA-quantiques savent les prévoir et générer des leurres pour les dévier en conséquence. L’avance s’effectue par assauts successifs des groupes constitués. La progression d’une escouade libérait les groupes adjacents et ainsi de suite : une escouade à l’Est, puis une escouade à l’Ouest. Les rythmes imprimés à la cohorte des casqués les poussent à l’épuisement et imposent un renouvellement fréquent des brigades sur le terrain, ce qui est autant d’occasions pour les joyeux séditieux de progresser. Des groupes d’offensive voués à la libération et à la récupération des Lycans et militants écolos embastillés par les cops semblent parfaitement efficaces avec leur maîtrise de la thermo-dynamique et leurs bombinettes au poivre de Provence et aux sels de nitrate de Bretagne. Ils sont en mesure de renverser tout panier à salade quel qu’il soit et l’ouvrir comme une noix de pécan pour en libérer le contenu. Après deux jours d’offensives, la « Fausse repose » fut dépassée par la plupart des escouades des tribus et notre groupe de pointe accédait à Marnes-la-Coquette, passage de la première frontière électronique. Jimmy compte remonter Sèvre et Meudon, passer par le pont de Billancourt puis par Issy-les-Moulineaux, Vanves et Châtillon, la barrière électronique numéro II, puis Notre-Dame de Bonsecours et Alésia, passer de la place de Catalogne au parvis desTempliers, d’Edgard Quinet à Raspail et Saint-Sulpice, puis pont Neuf, Étienne Marcel et enfin Madeleine et Orangerie. La mairie est là, à portée de main, et allons-y accéder dans les jours prochains, mais pour l’instant pas question de perdre un seul soldat. Si la progression devient trop dure, la consigne est le retour à la base. Robinagrobis est devenu « Unstoppable » et nous regrettons de n’avoir pensé à lui mettre une laisse ; seuls les sardines craquées grillées le retiennent encore un peu dans sa chasse aux appendices caudaux des gros rongeurs qu’il finissait par grignoter en guise d’apéritif dans un concert de couinements de bestioles.
Passé dix jours d’offensive, la sagesse de Mère Louve primait dans les décisions des lycans des dix-sept louves et le rappel des troupes résonna dans tous les canaux sub-urbains et les boyaux les plus enfouis de l’Ouest parisien pour le rassemblement des soldats de la révolution. La situation stagne et il faut faire le point pour établir une véritable stratégie. Le constat est que le régime curcubitacé forcé depuis trois mois ne convient pas du tout au transit intestinal des Robo-cops et leur carapaçage est un véritable handicap dans le cas des besoins impérieux. Les séditieux, de leur côté, ayant développé un métabolisme qui transformait le bêta-carotène en sucres hautement énergétiques, renforçait la bonne humeur dans la colonie et leur transit s’en trouvait enchanté. Entre-temps, un drame est survenu dans le camp : un inconnu de la tribu a été découvert sans vie à la périphérie des installations. C’était à l’Est du camp, vers les marécages ; encore un mort et la rumeur d’un Bartley Mac Mahès hantait les roulottes des dix-sept louves. Cela ne présage rien de bon pour moi et les esprits stratèges vont devoir s’activer. Les événements passés à sillonner les souterrains avec Robinagrobis m’ont permis de faire intimement connaissance avec sa majesté féline. Ses oreilles sémaphore devenaient de plus en plus faciles à décrypter et Robina semblait me dire qu’il était capable de bouffer un Mac Mahès autant qu’un gros rat. Contente-toi de me prévenir à temps, lui signifiais-je. Robina retourna sur son toit circontopique et développa ses oreilles paraboles. Une nouvelle rencontre au sommet se préparait entre Alix et Beckerman et, en tant qu’équipier d’Alix, nous avions eu l’autorisation de participer à la rencontre. Le boycott des banques doit se prolonger ; les nouvelles de la résistance balkane, slave, balte sont au mieux, malgré un petit abattement des U-Kingdomiens dans leur isolement, ayant une mégalopole hors norme à assaillir. Mais la stratégie du potiron devient un produit explosif. Tous les territoires sont parcourus par les militants écologistes disséminant jour et nuit, et par toutes astuces, des graines de courges. Par le hasard des croisements, de nouvelles variétés émergèrent de types concombres–potironés, courgettes–Doubeurre, cornichon–pastèques, chayote–coloquinte, courges à huile–Péponide mexicaine, aubergines–pickles, balayant tout le spectre gustatif possible des séditieux délicieux, y compris l’infinité de variétés d’alcool de courges que la rébellion sait parfaitement synthétiser, plongeant la révolte dans l’euphorie dionysiaque permanente. Après l’alcool, le carburant et les confiseries, la potion d’invisibilité pourrait-elle s’élaborer à partir de sel de potiron ? Il était temps d’y penser.
Les tribus Sethy n’avaient cessé durant la rébellion de cultiver l’Humulus lupulus sous toutes ses formes, au même titre que les champs de courges, alcool et cannabis, et la coca à tous va. Nous en étions venus à l’ère du potiron qui allait visiblement durer un bon moment, malgré que la Sativa-Méthylphénilamine recommence à circuler et la perspective de dopamine à base de sucres curcubitaciques, produit de manipulation chimique, devient alléchante. Les terpènes, plus connus pour le houblon sous différents noms comme myrcène, bêtapinène et alpha-humulène, sont des éléments chimiques qui déterminent l’odeur du cannabis et du houblon. C’est pourquoi, au moment de la floraison dans une houblonnière, l’odeur peut porter à confusion, ce qui devient intéressant pour les combiner ensemble avec une dopamine type curcubitacine stéroïdale qui est un simple hydrocarbure triterpène. Ils ont trouvé des huiles de cannabis à spectre complet croisées à de la dopa-curcubitacine qui semblaient produire des effets intéressants. Les recherches en Allemagne se passent à Berlin Est et Bernis y avait un contact. Il fallut dans un premier temps convaincre Mère Louve de la pertinence de nos projets, car organiser anonymement un tel voyage ne peut encore une fois se faire sans le grand réseau Mère Louve. Une expédition fut décidée : une navette en combi à pile à combustible doit partir dans les jours prochains, qui peut encore emmener quatre à cinq voyageurs pour Berlin. Le voyage prévu avec Nour, Jauko, Bernis, le Glitch et moi-même se passa sur deux jours avec escale à Leipzig dans une auberge de jeunesse super chouette décorée à l’effigie du concombre masqué contre l’Empire. Il y régnait une ambiance de rigolade sativée caractéristique de la région. Le centre de recherche sur les drogues curcubitacines est installé dans un grand squat collectif du Kreuzberg à Berlin Est. L’ambiance y est décontractée, cela ressemble plus à une école d’art qu’à un centre de recherche. Un sativé jusqu’aux oreilles vient nous prévenir : « Installez-vous où vous voulez ! ». Dans la bâtisse, il y a des pièces partout avec toujours quelques meubles spartiates et des matelas entassés, roulés, pliés, couchés. Des couloirs en enfilades présentent des chambres double loft à investir à sa guise avec le minimum de moyens de survie : un jeu de panneaux photovoltaïques, un train de batteries, une parabole pour la connexion réseau, un écran guidé à la parole en allemand et l’autorisation des vieux réchauds à gaz. Ils sont vraiment sympas, ces Allemands. Le séjour se passe dans la joie, les Teutons maniant à la perfection la langue de Molière. Au deuxième étage, des odeurs de terpènes curcubitacines de toute nature venaient frapper nos récepteurs olfactifs. Une porte ouverte nous attirait avec ses effluves de pastèques confites et de melon fermenté rappelant le vieux porto. « Le sucre curcubitacique se combine bien à l’Indica-sativa plus puissante que la sativa commune », nous dit un hippie houppé en blouse blanche, nous proposant de goûter à un confit de courge orange fluo. Dans un tel bazar d’herbes et d’épices, un cuisinier aurait toute sa place. « Nous cultivons dans nos sous-sols le cannabaceae Indica de l’Hindu Kush car il se combine bien avec la méthylphénilamine et lui apporte la puissance des effets physiologiques et psychotropes. Nous en extrayons un CBD à spectre large que l’on combine avec un sucre curcubitacique sublimé ; cela nous donne cette gelée orange au pouvoir stimulant–myorelaxant, donnant cette sensation de braver la gravité terrestre avec un léger effet ecstasy MDMA qui possède le pouvoir de vous porter dans le flow. » L’exposé du scientifique sativé à la courge nous donne l’impression qu’une fois goûté à leur curcubi-magique, on ne soit plus capable de distinguer quoi que ce soit du haut et du bas. Nous passons la journée à visiter les ateliers des différents projets de recherche qui me rappellent les bonnes rigolades à l’ENSA de Paris-La Villette avec Leeloo, Benoît et la bande de filles d’Archi. Ici, ils n’empilent pas des blocs et des trucs, mais des principes actifs et des molécules, hormis que les nouvelles portes qu’ils ouvrent empruntent les mêmes chemins qu’à l’ENSA. Je regrette que Leeloo ne soit pas présente en ce moment. Bernis retrouva son contact de la sativa-méthylphénilaminée qui nous la joue caïd de la neurochimie récréative. C’est un grand vouté poivre et sel au visage marqué par la route. Il nous avait conviés dans ses appartements, nous relatant ses grands moments de jeunesse avec les expériences dans le laboratoire pharmaceutique Sandoz en Suisse sous la figure d’Albert Hofmann. Il avait eu l’occasion de le croiser à l’âge de 97 ans dans le fameux centre helvétique. « Il restait le Boss des psychonautes », nous dit-il, « titre qu’il avait partagé avec Timothy Leary dans les années 1970. » Gundolf, qui avait passé six mois chez Sandoz pour tester les aptitudes à l’apprentissage sous LSD du professeur Peter Gasser, nous assura qu’il gardait des contacts avec le laboratoire. Ce qui nous amenait était surtout les perspectives de diffusion des nouvelles confiseries en pâte de fruits à la curcubitacine méthyl-phéniliminée du centre de recherche. Il pouvait nous fournir de un million quatre cent mille à cinq cent mille doses par mois, nous dit-il, en passant par le réseau des bureaux de la question tribale françalienne. La proposition nous convient tout à fait et nous allions tenir une comptabilité parallèle pour provisionner les crédits nécessaires en attendant le dégel de la situation bancaire. Ces petits curcubi-cubes orange ont l’aspect d’une panacée universelle : myorelaxants, extasiants, antidépresseurs, décongestionnants, antinévralgiques, cicatrisants, régulateurs du transit et délicieux. L’affaire semble sans risques et me donne l’occasion de mettre en place un réseau de nourrices de niveau national. Le principe du troc, depuis trois mois, a été bien adopté et maintient encore une véritable activité économique dans le pays. La prise en main du code du réseau par Roland Mi me laissait libre de travailler sur le terrain.
Nous allons créer un kit d’adhésion au réseau « TÉOU » avec les perspectives de gains par l’activité de nourrice et tous les codes de connexion, plus un manuel en langue OA pour les échanges. Le travail sur le terrain est incommensurable, du fait que nous devons lever au minimum cinq nourrices au kilomètre carré sur un territoire de cinq cent mille kilomètres carrés. Ce qui revient à devoir prospecter des prospecteurs avant la prospection des nourrices. Le Glitch est partant, Ameele, mon double féminin que j’imagine en mieux, aussi, Jauko bien sûr, et finalement tout le monde se prend au jeu de la prospection de prospects.
Le 16 janvier de l’année 59, au cycle 130 de Méton, un événement troublant nous rappela à l’existence de Mahès. Ce matin-là, nous traînions par hasard à l’orée du camp pour discuter de la stratégie avec le groupe resserré, mais en passant devant la caravane double essieux de Nour, il se dégageait une étrange odeur de gaz qui s’était concentrée dans l’habitacle. Une bonbonne était relié à un système de mise à feu scellé derrière la porte. Notre salut vint de l’attitude de Robinagrobis qui, passant son temps sur les toits des roulottes, nous tenait ici une posture genre écureuil-hérisson, tout hérissé avec sa touffe caudale branchée sur le 220 volts, nous signifiant une anomalie. Il se passe quelque chose pensais-je. Un lieutenant eut la présence d’esprit de casser les vitres pour laisser échapper le gaz. Suite à cela, nous découvrons un lot de bonbonnes de gaz endommagées entre les essieux de la roulotte posée là de façon intentionnelle. Il faut prendre la chose au sérieux, car Mac Mahès sait se faufiler comme un chat et s’infiltrer dans notre intimité sans laisser de traces; il ne va pas s’arrêter en si bon chemin. Un piège doit être organisé, un plan du genre tapette à souris. Je me souvenais des conseils de la dernière missive des cousins lointains qui me donnaient la direction à prendre. Il faut imaginer un scénario qui me projettera dans une situation de fragilité extrême durant le prochain assaut de la capitale. C’est que nous avons la supériorité des IA-quantiques connectées s-OA azimutables, la vigilance des Yamaka-zèbres capables de balader tout félin, quel qu’il soit, lions hâbleurs comme léopards en rage, ma garde prétorienne d’Amazones et les astuces des écololuddistes.
Il faut récupérer son empreinte biologique pour le marquer sur nos IA azimutables, puis observer son comportement et en établir sa stratégie. Une fois vérifié que Jimmy devienne bien sa cible, l’entraîner dans les dédales souterrains de Paris et, par un rythme de progression soutenu appliqué à la colonie d’escouades, le cerner, le saisir dans un boyau de la deuxième barrière électronique. Il convient de le piéger entre deux grilles métalliques cadenassables que l’on rencontre parfois dans les égouts. Ainsi enfermé dans la cage, l’animal pourra rugir tant qu’il veut. Son avenir désormais se passera avec les rats, punition suprême pour un descendant de la Déesse Sekhmet. Mais l’invasion des divinités fondamentales provenant du réseau mental hypnagogique commence bien à envahir le réseau réel. Pour preuve, les tournures vicieuses déjà entendues dans la bouche d’Amaymon au cours de mes rêves que l’on retrouve partout dans les nombreux sites pornographiques qui pullulent sur le Net légal. En attendant, il ne reste plus qu’à attendre la deuxième offensive après avoir relevé les éléments biologiques de ce tueur à gages pour le marquer à l’Azimutage de nos IA-quantiques. Ce qui se fit rapidement par la découverte d’une clé ayant servi au sabotage des bonbonnes de gaz et comportant des traces d’éléments biogénétiques. Nous pouvions désormais le suivre au mètre près sur tout le territoire ; il ne restait plus qu’à ferrer l’animal.
Roland Mi maîtrise maintenant à merveille le code hexa-décimal, nous permettant d’investir le réseau de second niveau pour notre Bot quantique « TÉOU », maîtrisant le Big Data. Nous passons sous le Dak Net par les voies tracées par la F-Society en son temps et avons des boucles « Rootkit » dans la plupart des « Majors » pour élargir notre champ d’investigation. L’erreur du système OGM a été de concentrer leurs IA-quantiques vers la maîtrise du climat et le maintien de son propre système, abandonnant les couches les plus profondes du Dark au profit des tribus. Les couches les plus fondamentales du Net sont tenues désormais par les hackers et ils sont devenus indélogeables. La F-Society, grâce à Yvan Beckerman, nous avait autorisés à emprunter ces couches profondes du Net à condition que le business TÉOU rapporte à la sédition. Un accord écrit fut attesté et signé en urgence par tous les groupes de sédition dans l’ensemble de l’Europe et TÉOU allait bientôt couvrir le continent. Toutes ces affaires me dépassaient un peu, ce n’est pas peu dire. Mais l’affaire était lancée et advienne que pourra. Je loge désormais chez Nour, car suite à ces événements malheureux, je devais la soutenir et m’excuser d’être le sujet de cette sale histoire. Nour ne pense qu’à la fronde et se prépare pour la seconde vague. Je m’essaye au tir à l’arc en trial-wingsuit avec elle, mais avec ma petite taille, je ne maîtrise rien du tout. Mon rôle est plutôt dans la supervision de mon bébé TÉOU et je vais m’y attacher. Au coucher, les schémas systémiques me hantent et copulent entre eux à m’embrouiller l’esprit. À part m’empêcher de dormir, spéculer sur le futur ne favorise pas l’endormissement ; il vaut mieux me refaire le film à partir des joies de mon existence. Jamais les souvenirs partagés avec ma nouvelle famille d’adoption ne me quitteront. L’accès au club hypnagogique n’est donné qu’aux âmes apaisées ; se souvenir de ma futur dulcinée en est un court chemin et dormir est un abandon, celui de l’ego comme l’on pense qu’il est.
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