Le forgeron des dieux

1- Le mythe d’Éphaïstos pour raconter l’intuition créatrice et l’intelligence collective

Chercher à comprendre parfaitement le monde, est-ce bien raisonnable ? Dans l’absolu, clairement non. Le monde est tel qu’il est devant nous, mais gardera indisolublement son mystère, ce qui en fait sa beauté et nous étonnera indéfiniment. Mais quoi de mieux qu’un poème pour exprimer tout à la fois tous les tours et les paradoxes, les attracteurs, boucles étranges et autres paralogismes que la conscience nous produit sans cesse.

Basarab Nicolescu y parvient à merveille avec ses Théorèmes poétiques :

(c’est un holomouvement)

Pour comprendre ces étrangetés, je m’en vais vous dépeindre les aventures d’un autre de mes personnages nommé « Jimmy », « un jeune parisien togolais » appelé ainsi par la conséquence du désir de « Guitare Héros » de sa délicieuse maman. Jeune « adulescent » à l’aube de sa vie d’artiste, doté d’un caractère qu’il avoue parfois « borderline » et plein de désirs et de rêves, de potentiels et de courage. Ainsi, à travers lui, je vais tenter d’aborder les sujets qui mèneront à la compréhension de ce Mythe et aux questions associées qui me tiennent particulièrement à cœur : Qu’est-ce que créer, réponse que l’on trouve dans la philosophie et la psychologie des profondeurs ? Quelle est la source de l’intuition, explicable par les principes de la psychologie cognitive ? Et qu’est-ce que l’intelligence collective ou qu’est-ce que faire ensemble au sens qu’en donne Hannah Arendt, c’est-à-dire qu’est-ce que la « Praxis » sociale, qui est devenue aujourd’hui une réflexion de la psychosociologie et de la psychologie systémique au travers des travaux de l’anthropologue Gregory Bateson (L’écologie de l’esprit).

• 1-C’est par la lecture que l’on acquiert la culture,
• 2- que l’on partage dans des relations sociales et au travers de travaux d’écriture,
• 3- qui sont les ferments et les premiers mouvements de la création et de l’invention avant l’évolution au stade graphique,
• 4- et la mise en forme et en volumes des idées,
• 5- que l’on partage et développe dans des actions collectives orientant les pratiques sociales,
• 6- permettant à chacun dans ce processus d’individuation collective, de définir et négocier sa liberté,
• 7- et permettre l’épanouissement de chacun.
• 8- Ce Qu’il va faloir Démontrer !

11— Parce que l’homme est un animal sociable, modificateur et créateur de son environnement. Terra-formeur comme les castors, générateur de concepts comme les dieux, et cela est dû à son pouvoir d’objectivation, de décision et d’action particulier que lui attribue le Mythe.
Un Dieu Grec ou Égyptien, pour nous les hommes, c’est le fantasme d’un pouvoir qui correspond plus ou moins à de véritables forces dans l’objectivité scientifique. Il faut à nouveau comprendre le titre « Le forgeron des dieux » dans le sens du Mythe Grec d’Éphaïstos, ce dieu chargé de forger la foudre de Zeus par son efficience technologique et de bâtir la magnificence de l’Olympe.
Modèle de personnage incernable qui entretient lui-même ses propres maîtres et ses propres dieux. Cheville ouvrière de l’Olympe, dieu pour les hommes, forgeron pour les dieux. Archétype ou modèle pour un artisan attentif aux autres, imaginatif et créateur, il est résolu dans ses intentions de construire pour durer. Semeur de germes d’espoir et de belles architectures de l’esprit, il possède le collier d’Harmonie offert par le dieu du Graphein Cadmos, âme sœur du grand sage Thalès « comme celui-ci aimait à dire ».
Le mot grec “graphein” veut dire à la fois « écrire » et « peindre ». Ainsi muni, il poursuit son destin sans se soucier de sa peine, ne portant importance qu’au mode d’existence des choses de la vie pour les révéler par son pouvoir de symbolisation et d’imagination. Car derrière le Mythe émerge la question de la nature de la Nature : de sa Nature naturante et de sa Nature naturée dans leurs modes d’existence propres, c’est-à-dire des lois du Noumène et du Phénomène. De l’étendue de notre pouvoir, nous les hommes, sur ce monde et de la responsabilité qui nous y incombe.

12— Souvenez-vous de la relation qu’Héphaïstos entretient au travers du don de Prométhée à l’humanité et des vicissitudes qui en découlèrent pour Dédale, l’architecte, ce fils d’Érichthonios, quatrième roi d’Athènes, né de l’hierogamie « Gaïa-Héphaïstos », perdu dans le Labyrinthe des contrariétés. C’est ce que ce Mythe projette sur tout ce qui préside à notre destinée aujourd’hui. Mais Forgeron des Dieux peut être entre autres dit à propos d’un forgeron ou d’un artisan spirituellement inspiré et aussi dans le sens où, considérant que nous héritons des croyances correspondant au modèle de réalité que nous nous faisons, cette représentation se fait avec les connaissances et les métaphores que l’on nous donne et que notre mémoire retient. Faire l’effort de forger sa propre représentation du monde, c’est aussi forger ses dieux.
Cette fiction a pour but de vous faire voyager dans l’incommensurable champ des dystopies qui nous est ouvert aujourd’hui par la puissance des moyens technologiques et vous éclairer sur le travail et les idées de ces importants penseurs et chercheurs qui nous les ont rendus accessibles, non sans quelques avertissements de leur part sur les modalités à respecter, à l’instar du philosophe Gilbert Simondon qui, au travers de sa chaire de « Mécanologie », nous rappelle qu’il y a quelque chose d’éternel dans un schème technique et c’est cette qualité qui reste toujours présente et peut être conservée dans une chose.
Au travers des âges, les Mythes continuent de nous parler, le discours d’Héphaïstos résonne particulièrement au moment où l’humanité doit faire face au grand changement architectural de nos usages technologiques pour nous rendre supportable la techno-sphère générée par l’humanité. Cette techno-sphère est le produit de la pensée occidentale et de la projection réifiée de nos mécanismes psychiques et cognitifs internes, processus émergent réellement avec la réforme de l’histoire des Grecs, de l’écriture articulée, de la pensée conceptuelle, de l’émergence du principe de diagramme, de graphein et de l’ouverture aux notions de science physique et aux notions d’évolution, ceci initié par le sage des sages Thalès.

13— Avec Thalès, l’Égypte est omniprésente dû à sa filiation supposée avec le Dieu phénicien « Cadmos », sauveur de la déesse « Europe » des griffes de Zeus. Dans ses nombreux voyages en Égypte, Thalès nous ramène des divinités fondamentales, telles que le Dieu Thot de la cité d’Hermopolis, renommé par les Grecs, Thot-Hermès. Il engendrera la figure d’Hermès-Trismegiste, le grand Maître des Gnostiques. Mais aussi le Dieu Ptah de la cité de Memphis, appelé Ptah-Héphaïstos. C’est le Dieu du Feu mais aussi des artistes, des artisans et des architectes, hypostasié en grand Maître Imhotep en Égypte durant la période pré-pharaonique. Imhotep se retrouvera en Grèce sous la représentation de l’architecte « Dédale ». Thot et Ptah, c’est la distinction puis l’union du savoir et du savoir-faire ; ainsi le Monde Occidental s’apprêtait à évoluer.

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