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21- Aux alentours des années trente, la notion de Noos envisagé par le Matérialisme historique nous révèle des mécanismes par lesquelles notre conscience nous délivre une représentation mentale de la liberté qui s’avère n’être qu’un leurre.
210- À l’opposé du vitalisme du trio de la nouvelle alliance spirituelle de l’école de Vienne, un trio venu de la mer Noire et de l’Oural, soufflant le vent de la nouvelle conscience planétaire, commençait à poindre. Le grand géochimiste « Vladimir Vernadsky », l’intriguant philologue « Gustave Speth » et l’opiniâtre géobiologiste de la toute puissante immanence de la vie, « Alexandre Ivanovitch Oparine », nous amenaient le courant frais d’un matérialisme historique éclairé. Ils nous donnent la matière et la substance d’une alliance renouvelée. Non plus une alliance des sciences de la physique et des sciences de l’Esprit, mais de la Nature et de la Culture, de la Culture et de la Nature. Dans leur esprit, la Nature est vue comme réalité inorganique produisant du vivant, la Culture est entendue comme système de signes corrélatifs de tout processus bio/logique. Le Matérialisme Historique est constitué ainsi de deux déterminismes : un déterminisme thermo-dynamique en confrontation à un déterminisme historique. Mais qu’est-ce que dit le déterminisme ? « Visualisez l’algorithme le plus simple qui soit : « plus un ». Le résultat de cet algorithme est prévisible et restera prévisible quoi qu’il en soit » ; c’est un principe déterministe. Du reste, il nous semble que l’on doit les lois de l’univers physique à ce qu’on appelle un déterminisme relatif, ce qui veut dire que le déterminisme fondamental, qui est celui de l’existence, se traduisant par un principe premier de persistance, se révèle par la durée perçue par la conscience au travers de l’intensité des sensations matérialisées par le mouvement des particules, dû, lui, à un déterminisme thermodynamique mis en évidence par la constante de Boltzmann.
211- La conscience elle-même est mue par un principe déterministe qui prend la forme d’un déterminisme historique, s’expliquant par le fait que, possédant obligatoirement comme point d’origine sa seule « Ipséité », constituée d’un trope d’autodétermination s’individualisant au travers d’un processus d’endosmose des influx mondains exprimés sous forme de « Mimisme » langagier, toute conscience biologique nous raconte ainsi le monde vécu dans sa dynamique depuis le lieu qu’elle occupe. Dans cette situation, cette conscience constate qu’il ne lui reste plus pour communiquer avec les autres consciences que l’option « Mimétique », constitutive du moi, transcrivant sa réalité par un système de signes universellement compris. Ceci conditionne un processus de morphogenèse du vivant incluant l’éventail des probabilités, toujours disponible dans son mécanisme génétique d’évolution (théorie darwinienne et lamarckienne). La conscience biologique elle-même évolue dans un système de signes constitué d’une conscience langagière commune à toute la planète, représentant un déterminisme sémiotique (produit par les signes), sémantologique (produit par le sens), que l’on nomme champ sémantique, part constituante et consistante du champ blanc de la conscience universelle, s’exprimant par des faits de culture se révélant à nous et à tout le vivant, sous la forme d’habitus (Pierre Bourdieu), réalisant le social-historique du déterminisme social (toute communauté vivante constitue des sociétés évoluant au fil de sa propre morphogenèse). Toutes ces formes de déterminismes en relation alimentent les grands équilibres planétaires en régulant les relations de la lithosphère à la biosphère, de la biosphère à la noosphère, cette même noosphère constituée des traces mnésiques de l’activité culturelle de tout le vivant, des conséquences d’une technosphère constitutive de nos états de conscience, produit de la réification des mécanismes de notre propre psychisme, modifiant ce champ sémantique en retour par les états de ce même champ de conscience qui constitueront l’activité « hic et nunc » du monde, « un genre de particule d’instant présent » (le champ de conscience n’étant qu’un balai de particules, en fin de compte) générant des configurations sans cesse renouvelées, formant globalement la réalité « Noologique » et la Noosphère.
212- Cette Noèse ajoute à tout cela un déterminisme géo-physiologique, un conditionnement de notre conscience biologique à nos besoins de lutte environnementale constituant notre biotope et aux équilibres géo-chimiques des éléments de la biosphère, mis en évidence par les travaux de Lovelock et Westbrock, décrivant un principe « d’auto-détermination auto-poïétique métastable d’homéostasie de la planète », autrement dit d’auto-équilibre (auto-poïétique signifie qui a le pouvoir de s’auto-générer, homéostasie veut dire qui a le pouvoir de se conserver et métastable qui est toujours en cours de rééquilibrage), produit par la planète Terre et auquel nous constatons finalement notre sensibilité humaine comme étant un des éléments constitutifs de ses propres influences. Cette influence géo-physique représente les mouvements des éléments fondamentaux de la vie pris dans le tableau de « Mendeleïev » (tous les éléments constitutifs du monde chimique terrestre) circulant autour de la planète par les courants océaniques et côtiers, échangeant par milliers de tonnes les masses bio-chimiques nécessaires à son équilibre (depuis l’émergence de la vie sur Terre, 10^19 calories d’énergie libre constituées de carbone, d’hydrogène et d’oxygène alimentent avec une constance de métronome la vie sur Terre depuis la période « Azoïque ». Le poids de la biosphère étant de 10^29 grammes).
213- L’entité planétaire nous évaluant individuellement comme réservoir potentiel de carbone, chlore, potassium, azote, nitrates, soufre, phosphore, fer, cuivre, nous tenant dans ses mouvements et déplacements homéostatiques en reflétant de même dans notre conscience l’équivalent d’un « sur-moi » d’influence planétaire orientant notre détermination. Comble de la misère humaine, notre conscience biologique, nous étant conditionnée à nos seuls besoins d’espèce particulière, notre conscience nous berne pour notre bien, nous facilitant la compréhension du monde, ne nous montrant que le nécessaire mais nous fournissant les outils de pensée adaptés à notre biotope et ne s’ouvrant à de nouvelles perspectives qu’à la vitesse de la morphogenèse biologique et sociale, nous délivrant la représentation d’une Liberté qui s’avère n’être qu’un leurre.
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