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15- Le Noos nous appartient, c’est l’ensemble des consciences unifiées au point le plus haut de la pensée, il nous permet d’envisager le futur, de produire des fulgurances, de tempérer l’hybris, c’est aussi notre surmoi planétaire.
150- Comme Henri Bergson, Albert North Whitehead parle de l’espace-temps comme d’un continuum de deux principes hétéronomes, l’un de nature extensive et l’autre de nature intensive, ouvrant des domaines absolus de consciences appartenant à des entités de toutes natures, toujours en état d’« Appétition » au travers d’autres entités en état d’« appétition » elles aussi, stimulées par des processus d’« Ingression » d’« objets éternels », définissant non pas une entropie thermodynamique des particules, mais un principe anthropique de tous les objets de la nature et de l’ensemble des événements consécutifs, reformulant ce que l’on doit entendre par simultanéité des faits. Le principe anthropique part du constat qu’il faut nécessairement considérer et interpréter un événement scientifique quelconque à l’aune des consciences qui l’observent. Dans son ouvrage « Process et réalité », Whitehead, après avoir listé l’ensemble des catégories fondamentales d’existants et de leurs conséquences, définit les éléments qui entrent dans les données immédiates de la conscience par un principe de causalités réintégrant les faits de simultanéité relative de la relativité restreinte à l’intérieur des principes probabilistes de la physique quantique. Il amène ainsi la simultanéité au seul fait des consciences.
151- Pour son modèle, Whitehead nous présente le continuum espace-temps comme le résultat de la superposition de ces innombrables processus que l’on pourrait appeler « domaine de survol absolu sans bord » (Raymond Ruyer), d’entités agissantes par la « Durée ». On remarque que la nature des concepts de Whitehead est volontairement d’essence biologique et organique, même animale et écologique, attribués autant aux faits de la mécanique et de la physique qu’au monde du vivant. Partant d’un monisme proche de la Monadologie, dans lequel il n’y a place que pour de l’intérieur contenant tous les points de vue et perspectives d’existant. De fait, la conscience se conçoit sans bords et ainsi, hors de la conscience réflexive d’une quelconque entité, il n’y a rien ! Le point de vue d’Albert North Whitehead est le point de vue d’un moniste neutre, c’est-à-dire, à mi-distance entre réalisme et idéalisme, pour qui les raisons de l’existence tendent vers un équilibre par sa globalité sans perdre l’empreinte de son passé et de son originalité.
152- Sans contester l’approche de Whitehead sur sa métaphysique naturaliste, Henri Bergson adopte un point de vue plus « vitaliste » des principes de l’existence en intégrant dans le processus du monde les effets de rétro-causalités issues d’« entéléchies » d’essence supérieure. C’est la prise en compte du concept de créode de la chapelle néo-finaliste qui fait différer pour Bergson sa notion de noosphère de celle qu’en avaient Aristote, Teilhard de Chardin ou Vernadsky. D’un côté, la théorie de l’évolution de Charles Darwin, plus la biosphère de Vernadsky et la théodicée chrétienne, sont unifiées par Teilhard de Chardin en une approche holistique matérialisant le Noos sous l’aspect d’un « point Ω » de la conscience analogue au ciel du Très Grand-Homme de Swedenborg. De l’autre côté, pour Bergson, autant les déterminants du monde plongeant dans l’indistinct se constituent une histoire propre par autodétermination. Des entités, les « créodes » agissant comme une force de suggestion collective de manière inconsciente constituent l’idéal de la forme la plus subtile et la plus précieuse de l’âme d’un lieu (d’un topos).
153- Lieux partagés entre tous dans la lutte collective contre les aléas de la vie, dont on retrouvera la trace dans l’éthos du groupe humain autochtone. « L’Intellect est tout entier semblable à lui-même, il est à la fois grand et petit en nous-mêmes », selon le philosophe grec Anaxagore. Mais une « ipséité » plus l’entité correspondante évolue en fonction d’un idéal et d’un désir profond suscité par les termes combinés de sa libre histoire et ses sentiments les plus fondamentaux, acheminant l’évolution vers l’expérimentation saturée d’elle-même, redistribuant ainsi les cartes du jeu pour les entités fondamentales qui sont constitutives de ces créodes, du monde, de son âme et de sa forme.
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