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52- Les Saturnales entres les peuples sédentaires et les peuples nomades contre l’Empire.
À peine mon sac posé et de réaliser le moment que je venais de vivre que Jauko déboula à l’appartement et me rejoignit sur le canapé du balcon pour me cuisiner sur mon voyage et le retour d’hubris que l’on doit y ressentir à y résider. Il me sort un splif long comme un cigare et ajoute goute moi çà ! c’est de la Sativa croisée génétiquement avec des plants de coca sur lequel on à greffé des cristaux de Phényléthylamine, ça vient d’Allemagne et ça te pète la tronche comme pas possible. Ils expérimentent des trucs de fou la-bas, c’est un lieutenant de la Maladrerie qui me l’a filé cette diablerie. L’effet fut stupéfiant, j’avais les bras qui se déplaçaient tous seuls, le fait de se lever ne demandais aucun effort et avions la sensation de décoller puis se déplacer en sustentation sur le lac de la félicité des fées. Je proposais à Jauko de fuir dans ma chambre car la montée semblait vouloir nous mener aux limites de nous mêmes et il valait mieux prendre les devant. Hormis une pointe de rigolade qui ne lâchait pas, on gardais l’esprit claire, seul les impression physiques jouaient de la polka. Dix minutes passèrent et les beaux effets du psychotrope commençaient à se dissiper, seul restait le boyau de la rigolage qui pour le coup ne nous quittait plus. C’est pas mal mais çà dure pas trop je trouve, faut voir si ce composé intéresse assez de monde pour en faire un business. Jauko n’en savait rien mais envisagions de contacter ce lieutenant dans la semaine après avoir rencontré Leeloo, l’amie de Jauris qui manage l’initiative de l’ONG « Universel Ars » investie dans l’Architecture de l’Urgence. Nous nous quittions de bonne heure, j’avais déjà une bonne journée dans les guiboles et ça me suffisait pour l’instant. Je prenais à peine le temps d’une douche, et m’engouffrais sous les draps après avoir inventorié les guignes en grappes qui tournoyaient au dessus de ma tête. La crainte d’un destin mortel née depuis ce boulot de malheur et qui avaient l’air factuel en l’occurence, l’obsession d’un Mac Mahès qui m’en voudrait on ne sait pourquoi, le fichage par les cerbères comme sympathisant indigène, une malédiction sorti d’un certain Atoum ou Seth ou Thot, j’en sais rien, et une bourse loin de contenir les cinquante mille euros que j’ai évalué nécessaire pour mon rêve de Burning man. Je laissais tourner tout cela en boucle et préférait plonger dans le sillon hypnagogique salvateur. Je développais toutes sortes de processus psychiques pour plonger plus efficacement dans l’inconscient profond à la façon d’un apnéiste par des astuces piochées dans le registres de la psychologie cognitive. La pratique du vide était pas mal, il faut tout évacuer et encore cela ne suffit pas, il faut en évacuer encore, cela peut marcher quand l’on est bien fatigués mais si le stress s’en mêle cela ne suffira pas, vous êtes constamment ramenés à vous même et cela produit comme une membrane rétive à l’abandon de soi. Si cela ne marche pas vous pouvez essayer la voix Gestaltique qui consiste à observer les mirmillements des cellules fovéales pour y déceler des formes, si l’attention est suffisante vous percevrez la timide onde des rythmes sanguins qui vous bercerez vers le sillage réparateur, mais il y a aussi la technique du Berger qui égraine par énumération, les emmerdes, les connards, les guignes, les absurdités, l’incommensurabilité de certaines choses et l’infimiliarité d’autres, la part d’absurdité du monde et de son illimitation, planant ainsi sur le règne du domaine absolu sans bords de l’absurde et de son inconscient, tout bonnement ont fini par sombrer. Et toujours le même accueille, Le vestiaire obligatoire, le GPS prohibé et le ticket de vestiaire à l’entré. Mon Casoar m’attendait impatient depuis longtemps dit-il. Après ce qu’il devait être une catastrophe annoncée, ayant appris de sa bouche que Pythagore voulait me joindre, Casoar m’empressait de nous mettre en mouvement. Je pensais à mon arrivée dans le Tetractum, et qu’il m’accueillerait surement frustrément pour le retard occasionné, il ne le supportait pas à ce que l’on disait. En fait, il comptait me prévenir que Mahès ayant prit l’habitude de passer le portail gris et fréquenter les dédales architecturaux, il aimait précipiter à l’occasion et innocemment des ouvriers imprudents dans le vide. Cela ne m’étonnait plus aux vues de ce que nous a révéler Lina Al-Hathloul et suggérait à mon Casoar de me conduire en passant à nouveau chez Thot pour compulser ses archives. Thot lui dis-je ! non c’est chez Pythagore que je t’emmène cette foi-ci, il est Grand Maître de l’esprit des nombres. Maître Pythagore étant devenu le prédécésseur de lui même pour l’éternité, en m’attendant, il avait eu le temps de se réincarner autant de fois que le rapport de lui-même avec son tout jusqu’a moi. Casoar fila devant muni d’une magnifique paire d’ailes qu’il portait sur un dos relatif ou supposé. D’où tu tiens un équipement pareil ? « c’est Glasya qui me les a prêtés pour un temp infini », pendant ce temp là, je devais cavaler injustement derrière par des foulées simulées qui ne donnait pas grand chose. Je vais te perdre Casoar, pensais-je par réflexe, « entre dans le labyrinthe de Ptah-Héphaïstos par la plus grande petite porte qui donne l’accès au n’importe où et on se rejoint à l’entré de l’institue Pythagore », me répond-t-il. Casoar disparu et je continuais à mouliner tous se que je pouvais, tout en rencontrant une multitude de moulineurs pareil à moi même qui semblaient tous se diriger dans la même direction. Tous doivent passer par Ptah me dit mon voisin, ah oui la plus petite des grandes portes lui insinuais-je d’un clein d’œil, « non la porte qui mène au n’importe où ! » puis fui. Maître Pythagore m’attendais à l’entrée de l’institue au côté de Casoar avec un sourire caosarien et m’enjoignirent tous deux d’entrer. Pythagore avait été un homme dynamique et le restait, il avait participer à la constitution de l’université au côté de Platon et leur petite institue était devenu une institution monumentale. Tous mon respect Maître, êtes vous au courant de mes déboires ? « Bien sûr, nous connaissons bien le cas Béni-balou-dǎna, actuellement c’est un Conley Mac Mahès qui est en charge du contrat de Sekhmet qui pèse sur sa tête », que viens-je faire dans cette histoire et que me conseillez-vous Maître ? « Je sais que l’ange Asmoday qui réside derrière la porte que l’on ne voie jamais au fond de l’institue y est venu pour y dénicher un algorithme de nature toxique qu’il aurait confié à ce Conley Mac Mahès, il s’agit sûrement d’un algorithme d’espionnage à mon avis. Pythagore m’expliquait qu’Asmoday était Grand roi commandeur des 72 légions d’Amaymon. Il possède la queue de serpent, crache du feu et possède des pieds d’oie, il est assis sur un dragon et tient en main la lance de vérité ». Pythagore continu, « comme il possède trois têtes qu’il utilise à son loisir, taureau, homme ou bélier, avec lui il faut s’attendre à tout, il a ses ailes noircies par la corrosion du soufre à trainer dans les bas-fonds. Si vous vous adressez à lui il convient de le laisser se lever après son apparition, avant de lui poser toute question et parfois ses réponses son trompeuse. le fait qu’ils sache désormais passer le portail gris ne présage de rien de bon ». Et je suppose que je dois me méfié de ce Conley Mac Mahès ! « Évidement, c’est la raison pour laquelle je te confis ce talisman d’orientation, c’est Le Triangle Cycloïdal de la Tétractys, muni de sa roue Magique n°10, sa roue Chrysique n°18 et sa roue Tétractique n°26 », m’expliqua Pythagore. « L’intérieur de ce Triangle Cycloïdal représente la plaine des vérités, contenant tout ce qui fut et tout ce qui sera, et hors duquel toute recherche est vouée à l’échec, elle te protégera de la lance d’Asmoday ». Je vous en remercie infiniment Maître j’en prendrais grand soin. Je le passais autour du cou et muni de ce talisman je me risquais à affronter Asmoday et Amaymon en face à face. Amaymon a la forme d’un loup, avec une queue de serpent crachant des flammes. Quand il prend forme humaine sa tête est alors celle d’une chouette avec une gueule ornée de dents. De son lieu d’apparition première ayant pour origine l’Égypte de Thébes, il s’hypostasia au début des temps, depuis Amon-Ré sous l’apparence d’un ange des ténèbres à l’âme lycanthrope. Le grand registre des anges le mentionne en 7e position de la liste des démons et des anges rebelles. ainsi Il suffisait de faire apparaître Asmoday pour avoir Amaymon l’ange de la débauche et de la pornographie puis invoquer une contre-vérité pour le provoquer et le rendre captif à votre esprit. Amaymon me fit instamment comprendre que je m’aventure trop loin et me plonge dans un maelström de cendres Outrenoirs qui m’éjecte à la surface du monde dans un chamboulement intérieur qui laisse des traces. Ainsi de ce Blast de poussières virtuel, il ne me reste cette fois à mon réveil que l’idée bien en tête, d’un sombre songe rempli de matières rageuses faisant barrière à mon subconscient avec comme message venu de l’au-delà « Conley Mac Mahès » qui sonnait comme « quel Mic-Mac es-ce ? ». Ainsi à peine ai-je mis les pieds à terre en sautant de mon lit, que je note « Conley Mac Mahès » sur une feuille pour ne pas perdre ce présage de vue. Malgré que je ne sache vraiment si je dois le relier à un autre « Bartley Mac Mahès » émergé du tréfonds de ma mémoire, ces gens commencent franchement à m’envahir.
Scène trois : « le repli ! »
Je retrouve Jauko tandis que je rentre à l’appartement pour nous mettre au point sur le plan d’herbe Sativa-phényléthylaminé d’Allemagne. Cela nécessitait de faire la navette régulière avec les « dix-sept louves » et il nous fallait une stratégie pour passer les barrières électroniques. L’idée était de contacter le Glitch, il a l’habitude de faire la navette avec les tribus et allait pouvoir nous donner des tuyaux.
Arrivé à Montorgueil, Ameele était furax et m’en voulait de l’avoir écartée de la petite sauterie d’hier avec Jauko. Je lui explique qu’il n’avait qu’un spliff de trois taffs et que ça s’est passé si vite… mais qu’avec cela, on allait organiser des navettes régulières avec les dix-sept louves et qu’elle allait faire partie de l’aventure. Je savais qu’elle pensait déjà à son Domingo Reinhardt aux doigts de fée qui s’appelait Alvaro, ce qui lui a fait adopter un large sourire. Nous finissions la soirée sur le canapé du balcon à échafauder des stratégies d’évitement de barrières électroniques et de visions de fêtes nomades à tout déchirer.
Je me couchais sans trop de conviction sur mes capacités d’endormissement, tellement les schémas en action qui trottaient dans ma tête étaient innombrables : ceux des développements de réseau de service de nourrices, des méandres du flou législatif et des troubles conseils d’avocats, la technique pour obtenir la confiance et le respect des milieux de la poudre, l’évitement des services de l’Empire tout en maintenant les cours à Jussieu, l’élucidation de cette prophétie de malheur de mac machin et puis d’Atoum ou Seth ou Thot, ou quoi ?, et les moyens de trouver les cinquante mille euros à mettre à gauche pour l’aventure Burning Man avant que le tic-tac tombe. Ouf, je ne sais pas si je vais trouver le sommeil ou bien où je vais le trouver, mais ce que je sais, c’est que tout ça, je vais le faire. Fermer les yeux, s’interdire de penser, se fixer sur sa respiration, se perdre dans sa tête. Étrangement, quand je fais cette expérience, je reçois un shoot de mélatonine et de cortisol associés qui m’annoncent une plongée hypnagogique proche, pourvu que je ne relance pas la machine. Et cette fois, la plongée me mène tout droit sur mon Casoar tout sourire me faisant face et qui me balance : « Tu vas voir. Les cerbères, tu vas les balader jusqu’au bout de la terre. » Et comment tu sais ça ? lui rétorquais-je. « Je t’emmène chez Pythagore, il t’expliquera ! », et fila fissa dans le couloir qui fuyait par la plus grande petite porte.
« Tu n’as plus tes ailes », plaisantais-je, arrivé à l’Institut Pythagore. « Non, elles me gênent dans les couloirs qui fuient. » Pythagore m’attendait avec le même sourire calqué sur celui de Casoar. « Qu’as-tu pensé de ma roue cycloïdale ? » me demanda Pythagore, le berger des nombres. Je lui raconte dans la foulée mes déboires avec Amaymon et le blast d’Outrenoir qui m’envahit depuis. « Tu n’es pas encore prêt, » me dit-il, « j’aurais pu m’en douter, je dois t’élever à l’Esprit des nombres et de leurs formes, c’est-à-dire à l’Arithmologie. » Je me sentais envahi soudainement par un tsunami de chiffres qui m’engloutirent pour me précipiter dans un état de coma algébrosique. « Calme-toi, mon ami, tu verras, c’est simple, je vais t’initier. » « Il s’agit des trois roues du Temps qui dessinent le premier mouvement à 180° de l’Énantiodromie qui mène à l’élévation, c’est-à-dire ton « Nadir » avant ton « Zénith » et se constitue de trois roues à 60°. » Votre Talisman me fait penser au spirographe des enfants, osais-je, « tu ne crois pas si bien dire, les mathématiciens l’appellent l’hypocycloïde à trois rebroussements, elle génère une courbe discontinue de telle façon que l’un quelconque des points du temps, qui est une date, parcourt les côtés d’un triangle curviligne, et fait en sorte que chaque sommet du triangle impose l’inscription des trois nombres angulaires qui définissent ta conjonction avec l’Univers. »
Ainsi, les roues magiques dérivent directement du mouvement de l’Ouroboros primaire, qui est lui-même la révélation du générateur inversé. Ce générateur inversé, par le jeu des interférences logiques, est l’expression du son qu’il émet quand il exprime la longueur d’une corde. Donc, en définitive, une Roue Magique est l’expression musicale de son générateur, c’est un nombre insécable qui représente la valeur inversée en son Ouroboros, c’est le rapport de la roue magique n°181 sur la roue magique n°180. C’est-à-dire de l’effet de ce nombre par cette corde sur l’Homme, puisque l’homme est sensible à la Musique.
En Arithmologie, le triangle cycloïdal exprime L’Un, l’Unique de référence qui n’est pas ! Il se constitue de deux équations. La première équation est la concaténation de la roue n°47, le nombre de la Lune, plus la roue n°26, le nombre de Mars ou du phylum métallique, plus la roue n°50, le nombre de Jupiter de la Masculinité. En rapport avec la seconde équation qui est Lune n°47, Vénus n°29, Lune n°47, soit toute la Féminité couplée avec toute la Masculinité, en action conjuguée par l’intermédiaire de la Lune commune aux deux principes.
De cette combinatoire, la première figure solide qui en émerge est le nombre d’Horus, qui est le nombre du Soleil n°79 plus Lune n°47. En Géomancie, cela produit le Thétraèdre, la première figure des polyhèdres éternels, puis la deuxième figure est l’Hexahèdre, la troisième l’Octaèdre. Vient le nombre de la connaissance et du Décagone révélateur de l’Arithmologie, puis vient le Pentagone, c’est la tétrade pythagoricienne qui mène au Dodécahèdre, donc de la correspondance avec le ciel. Viennent les polyhèdres progressifs, le premier est le Diheptaèdre constitué de sulfure de fer qui cristallise aussi en Dodécahèdre et se positionne en n°152, le nombre de l’attraction des couples : Vénus plus Lune en « Conjonctions » avec Mars Jupiter. Mars nous donne le deuxième polyhèdre progressif, le « Sidérohèdre », figure du recommencement. De là, Jupiter nous amène le troisième polyhèdre progressif, le « Cassitérohèdre », qui est la figure de l’Ananké, de la nécessité et de la fatalité.
La Géomantie dit que Mars plus Vénus, nombre du couple génésique de la passion sensuelle, est aussi la figure du « Puer », c’est l’enfant espiègle de la Tetractys grecque et enfin la roue n°180, le couple des deux Vénus, céleste et terrestres, nombre de la joie terrestre exaltée par un idéal, nombre de l’amour du beau et de la joie intime qu’il procure aux humains, c’est le nombre de la « Cosmodicée ». De plus, la roue magique n°59, générateur de la roue magique n°58 symbolisant les deux Vénus, par la roue magique n°181, générateur de la Roue magique n°180, apportent l’Éternité.
Prends conscience que le triangle cycloïdal ne te protège que si tu en maîtrises les engrenages, il s’agit de trois cadrans qui se développent en Vernier générant des situations uniques au pas du quantum d’action et que tu dois utiliser pour contrer Amaymon et sa lance de vérité, et souviens-toi, c’est un messager de Thot dévoyé depuis les origines du monde et qui a fait ses classes à Babylone. Puis il ajoute : « Dès que tu maîtrises simultanément la plongée hypnagogique, la conscience Eudémoniste et le voyage psychédélique, tu deviens Béni-balou-dǎna et tu mets le pouvoir de Sekhmet en danger. La solution qu’il te reste, comme cela a été à l’époque de l’empire Nagadien il y a douze mille ans, c’est de singer une mort lente par un subterfuge, il s’agit de consommer de la bière rouge qui, parce qu’elle simule le sang, te protège un temps en assouvissant la soif d’hémoglobine de la terrible Sekhmet. Ce qui fait que pour toi, tout pendant que le temps coule, le tic-tac ne tombera qu’à l’heure dite. »
Puis s’enchaîna un « RoAAAAAAC », « RoAAAAAAC » assourdissant dans la trame de ma conscience. Il faisait encore nuit qu’un vacarme inhabituel bousculait le cours logique des choses. J’étais à la maison et elle en était chamboulée, cela semblait provenir de la cuisine.
Je sors de ma chambre, trouve mon Ameele prostrée à la porte de la pièce, observant les parents s’agiter dans la cuisine, ouvrant les fenêtres en s’affolant dans tous les sens tout en nous engageant à faire de même pour toutes les pièces. Ameele a le réflexe de contacter dans la foulée le technicien du block qui possède le plan de l’infrastructure du quartier après s’être initiée à la situation. Les conduites de gaz avaient été endommagées dans la nuit par une action malveillante et il était inévitable que les Sbires de l’Empire allaient débarquer.
L’appartement est désormais inondé de Robocops qui inspectent l’immeuble. Tous les voisins sont un à un réveillés et les inspecteurs n’hésitent pas à débarquer pour nous soumettre à l’interrogatoire. Un impressionnant fonctionnaire me prend à l’écart dans ma chambre et critiqua les détails de mon environnement intime. « Ah ! un portrait d’Indien des plaines, vous aimez les Indigènes à ce que j’observe ici », me raille-t-il de façon inquisitrice. Enlevant ses lunettes tout chrome, il me fixe en me disant : « Nous savons que vous avez eu des contacts avec des terroristes de tribus subversives, nous vous surveillons de près, vos affaires de trafic ne nous intéressent pas. » Un frisson me parcourt la nuque, je dois réagir : « Comme je l’ai déjà déclaré, je vais rendre visite à un cousin qui réside en zone C, je n’ai rien d’autre à dire. Mais qu’allez-vous faire pour l’attentat ? » Le fonctionnaire, sûr de lui, me répond : « Cet événement n’arrive pas sans raison et vous en savez plus que vous voulez bien me dire. » Si ! rétorquais-je, il fallait bien que je lui dise : « Il y a quand même l’événement de Tabuk », lui avouais-je, « j’ai participé à l’élaboration d’un document qui met en accusation le projet NEOM et les méfaits du prince Bin Salman, ce qui m’a valu une présomption de contrat criminel sur la tête. Et même sur tous les auteurs et lanceurs d’alerte ayant connaissance de ce scandale. » « Je vais vérifier vos propos, mais cela me semble romanesque, n’oubliez pas que l’on vous a à l’œil. » Les casqués débarrassèrent le plancher rapidement à la queue-leu-leu. La famille, sonnée de ce qu’il venait de se passer, nous prit, Ameele et moi, entre quatre yeux. Nous leur révélons dès lors les passages censurés de notre aventure à la Maladrerie et les détails cachés de mon passage à NEOM. Ils en deviennent glacés d’effroi et nous privent de sortie comme si nous étions des petits enfants. Le tumulte passé, la clarté du jour commence à traverser les vitres du foyer et la famille doit s’apprêter malgré tout pour la journée.
En prétextant des cours à l’amphi, j’entraîne Ameele dans l’Antre du Glitch au block des « Autonomes de la Commune ». Il y avait ce matin-là une fréquentation inhabituelle au repère du patron de la magouille. « On a une explosion de la demande depuis le démantèlement d’un réseau de l’Ouest parisien », nous dit Le Glitch. Nous sommes là pour que tu nous donnes ton plan de navigation entre Montorgueil et la Maladrerie. Le Glitch jouit de nous faire à son tour la leçon, il nous installe sur son canapé et prend les mêmes codes et attitudes que j’avais tenus la fois dernière. « Voilà, des navettes pour la Maladrerie, cela fait des années que l’on en organise et des lieutenants des dix-sept louves vont et viennent incognito entre le camp et les pizzerias de Belleville de mon oncle, mais il y a une manière simple pour passer les barrières électroniques. Je vous explique, la zone radar des Robot-Drones ne plonge pas au-delà des troisièmes sous-sols et si vous descendez dans les quatrièmes, vous y trouverez un vaste réseau de boyaux d’égouts de profondeur, praticable en trials et évitant les alertes. Ne vous inquiétez pas, ces trials ont été pensés pour l’occasion et sont tout à fait transportables à l’épaule, vous les chargerez sur votre dos dans les dédales de marches et d’escaliers à emprunter durant le parcours et vous pourrez ainsi sillonner les tunnels sans rencontrer les Cops, enfin en théorie. »
Nous étions franchement intrigués, Ameele et moi, de devoir porter une quelconque motocyclette sur notre dos, cela a dû se voir sur notre visage et fit sourire Le Glitch. Il nous amena dans une pièce de capharnaüm où reposaient les miraculeux chevaux de fer. Un lot de cadres de trial électriques complètement dépouillés, qui avaient l’air de revenir du front, avec à peine les accessoires minimum et des roues qui ressemblaient plus à des roues de bicyclettes qu’à des roues de véhicules solides, reposaient là, empilés contre le mur. « Sous-pèse », me suggère Le Glitch. Effectivement, ces bécanes ne pesaient guère plus qu’un vélo et se hissaient sans problème sur le dos avec un système de sangles pensé pour le transport. Ameele s’y essaya aussitôt et ne lui posa pas plus de problèmes. « Elles sont là à votre disposition jour et nuit, tu connais le code pour entrer, il y a des lieutenants en permanence derrière la porte », ajoute Le Glitch. Nous lui exposons avec enthousiasme nos projets de navettes de Sativa-phényléthylaminé avec les dix-sept louves et je lui promets à l’occasion de substantielles commissions. Je lui reparle en même temps de mon programme d’Uber-nourrices, il semble plus attentif cette fois-ci, et continuons la discussion en partageant quelques bières avant de disparaître.
Ameele est excitée comme une puce, il ne reste plus qu’à connecter Jauko sur l’affaire et nous allons pouvoir faire notre beurre avec les dix-sept louves. Je savais bien que cette histoire n’allait pas s’arrêter là avec les Cops et qu’à un moment le tic-tac tomberait, mais j’avais des atouts contre ce Mic Mac Mahès qu’on ne m’enlèvera pas.
J’avais encore à récupérer mes cinq mille euros à l’agence d’intérim du campus pour le mois de turbin à Tabuk, puis nous sommes prêts pour l’aventure. Le financement du réseau commence à se constituer, entre Le Glitch, Jauko, Bernis le lieutenant à la sativa, et notre réseau de diffusion. Roland Mi peaufine les détails du code du réseau d’Uber-nourrices et il ne nous reste plus qu’à installer l’infrastructure, enfin si l’on peut dire. L’heure était venue de nous établir aux dix-sept louves tout en maintenant les cours à Jussieu. Je me souvenais d’un cours d’amphi suivi par inadvertance dû à la confusion de l’intitulé, qui disait que « l’organisme qui survit est celui qui a sa vitesse de déplacement la plus efficace ».
Nous allons devenir l’escouade des bécanistes-wingsuit indétectables au radar des Robot-Cops. Jauko est partant pour l’aventure et filions de suite pour la Maladrerie. Au diable les parents, au diable les Cops, au diable les Mac Mahès, les emmerdes courront derrière. Les trials se révèlent de véritables ailes volantes et parcourons le trajet en pratiquement une demi-heure à l’aller. Les navettes s’enchaînent sans perturber notre raison d’être à Jussieu, ce qui me permet petit à petit de m’initier à la linguistique extra-terrestre et de suivre les cours de thermo-dynamique générale. Les affaires avec Bernis se passent de façon intelligente et nous arrivons à faire notre beurre en quatre navettes dans le mois. Bientôt, les vingt mille euros nécessaires pour démarrer le réseau de nourrices seront à notre portée. Nous nous sommes basés désormais, Ameele et moi, aux dix-sept louves qui sont devenues notre quartier général et notre garantie contre l’infiltration d’un quelconque tueur à gages dans la colonie. Mac Mahès était déjà connu dans le camp et Mère Louve avait fait passer le mot d’ordre de la vigilance. Nous avions, nous les Odoo-Okundaye, chacun de nous deux, trouvé notre place dans cette société nomade : Ameele avec Alvaro et moi qui m’étais grandement rapproché de Nour. En début d’année 58, au cycle 130 de Méton, de nouvelles têtes débarquèrent aux dix-sept louves. Aminata Adikou-Traoré et Inaya Mani, deux adorables amazones amoureuses et inséparables qui allaient déchaîner les soirées sous la Lune de Mère Louve. Elles avaient toutes deux le don de la Musique et trimballaient avec elles un véritable musée des instruments. Elles avaient monté une petite affaire avec Alix, la conteuse de Mère Louve, pour former un groupe de Romance-Rock qui n’allait pas tarder à faire réputation dans tout le camp. Les fêtes s’enchaînent au point circon-topique du camp qui se trouve envahi par les pois de senteur de Zeline et commence à résonner de toutes ses nouvelles tendances et influences musicales. La rivalité entre le style Django Reinhardt de Domingo, la tendance Reggae Rag-Time Reggae Ton de la Guilde des lieutenants soutenue et financée par Mère Louve, et ce nouveau groupe de Romance-Rock des Traoré & Co, la musique était en train de devenir la quatrième spécialité de l’Oumma et nous en étions fiers.
L’acquisition de la diagrammatique de Feynman à Jussieu devenait possible : « En physique théorique, les diagrammes de Feynman sont des systèmes de représentation des équations de Schrödinger décrivant les interactions des particules subatomiques dans le cadre de la théorie quantique des champs et sont représentés par un système de signes graphiques similaire à une langue écrite et compréhensible universellement. » Tout cela correspond à un des programmes en chair de thermo-dynamique des systèmes et devient une langue familière à mon esprit au fil des cours de physique quantique. Je deviens capable d’interpréter une suite de Feynman et d’en comprendre les implications, ce qui me permet de converser avec les titulaires en exo-linguistique qui ont l’habitude de considérer le tableau de Mendeleïev comme un simple alphabet des relations constructives. Trois mois me suffisent pour me débrouiller en langage exo-linguistique de Feynman et me sentir prêt à l’appliquer ici pour en faire la pédagogie au Monde nomade. Ce système de signes semble complètement étranger à l’esprit de Jauko et du Glitch, mais je ne désespère pas, car comme toute langue, cela s’apprend. Nour possède une IA-quantique rare sur le camp dû à la méfiance que les indigènes leur portent. Elle a tout de même la vertu de nous aider à produire par un code de cryptage-décryptage une traduction instantanée de la scripturalité feynmanesque. Cette situation est étrangement synchronisée à un autre événement improbable. Un courrier officiel complètement inattendu m’arriva au camp par l’intermédiaire du bureau des tribus ayant l’académie des sciences quantiques de l’OGM comme expéditeur. Il s’agit d’un message à mon adresse de la part de nos cousins extraterrestres transmis par l’intermédiaire de la chambre à bulles et retranscrit par nos crânes d’œuf. Il semble rédigé en écriture de Feynman qu’il ne reste plus qu’à retranscrire dans notre langue par notre IA-quantique éduquée. Cela raconte qu’ils ne connaissent pas notre univers, mais que les structures physiques et chimiques de notre monde sont approchantes du leur, ce qui fait que leurs chambres à bulles à hydrogène pur s’accordaient bien avec notre chambre à bulles, mais ajoutent qu’ils se permettent de me contacter car ils me connaissent bien, ou tout du moins une Ipséité pareille à moi-même existant à l’autre bout de l’Univers mais en décalages, différences et répétitions de formes d’espace et de temps. Cette missive relate les risques que peut me faire courir un exécuteur cosmique comme un Mahès qu’ils reconnaissent comme un de leur Démon équivalent et qu’ils nomment « À-Avouala ». Leur missive exposait les solutions qu’ils ont employées quand ils ont été eux-mêmes confrontés à la situation. Ils rajoutaient en plus des conseils pour l’organisation de « l’Human-Being » de Black Rock City dans le désert du Nevada, les recommandations pour transformer une IA-quantique en système de communication extra-terrestre personnel, en terminant par : « Jimmy, nous savons que tout cela peut t’intriguer mais nous t’apporterons plus de précisions par la suite pour tes projets de réseaux, tes aventures et tes rêves, transmets notre amitié à Thot et Ptah, belle pensée pour Ameele, nous vous adressons notre révérence. » Les détails du courrier étaient précieux et allaient me servir, notamment pour juguler les méfaits de Mahès et pour contrer les erreurs à ne pas commettre pour l’organisation de réseaux de nourrices. Une telle nouvelle, malgré son improbabilité, nous rassurait, Nour et moi, mais nous décidions de ne rien en dire sur le camp des dix-sept louves pour l’instant, hormis à Mère Louve qui avait la sagesse nécessaire pour comprendre la situation. Nour, en digne descendante de Penthésilée et d’Hippolyte, avec ces conseils venus de l’au-delà, n’allait pas laisser un vorace de la finance comme « Amazone » prospérer. En cela, je lui ressemblais bien avec en ligne de mire les agences de tueurs à gages Mac Mahès à la solde du système financier. En bons stratèges et en bons systémistes que nous sommes tous deux, nous étions capables de résoudre ces équations à x inconnues que le destin nous imposait. L’idée de convoquer un conseil de guerre était venue.
Je proposais de contacter Hanaé qui avait bien suivi les événements et avait été confrontée de près aux affres et turpitudes de la finance mondiale coalisée et était impliquée dans la cabale NEOM. Nous allions constituer une cellule d’action avec la collaboration de Mère Louve, Nour, Hanaé, Ameele, Providence qui restait Cheyenne dans l’âme, Jauko le fidèle, Galouzo l’opportuniste, le Glitch le magouilleur et moi-même. Les premiers conseils prodigués par nos cousins éloignés consistaient en l’acquisition en masse d’IA-quantiques converties en système de communication OA connu sous l’intitulé « The AO » et distribué à chaque enfant des tribus lycanthropes. Mère Louve allait superviser l’opération. Un communicateur OA quantique pouvait être réduit à la taille d’un taulki-wauki avec tous les perfectionnements possibles, l’« Azimutabilité », c’est-à-dire la capacité de détecter toute forme de conscience à proximité et suivre ses déplacements. Le système prédictif OA disponible à tout moment et un lien de communication privilégié avec son homologue intriqué par-delà l’espace et le temps. Cela tient au fait que les événements se répètent en écho à travers tous les univers et que quelque part une conscience a déjà vécu d’une certaine façon ce que l’on vit par intrication quantique et que d’autre part les consciences à hydrogène ayant tendance à s’interconnecter par-delà l’espace et le temps, il ne nous suffisait plus que de les utiliser pour contacter nos cousins lointains et deviner notre avenir. Avec nos compétences en systèmie, cela en faisait une redoutable arme contre le système et un bon moyen pour construire une stratégie gagnante contre le capitalisme globalisé une fois pour toutes. Le meilleur stratège restait Yvan Beckerman et c’était le moment de le mettre au parfum comme recommandé sur la missive céleste. Une rencontre au sommet devait se faire entre la représentante des tribus et le représentant des cités-états écologistes. Nour avait été dépêchée par Mère Louve pour représenter les tribus et la rencontre au sommet fut décidée collectivement au solstice d’hiver pour honorer les Saturnales entre les peuples sédentaires et les peuples nomades contre l’Empire.
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Une réponse à “Les Saturnales entres les peuples”
[…] 51- Les Saturnales entres les peuples sédentaires et les peuples nomades contre l’Empire. […]