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2- Pour évoluer il a fallu l’idée d’évolution et l’esprit scientifique puis fonder la logique pour comprendre la fluence de la vie.
20- Ma préférence s’est toujours tournée vers les philosophes Ionniens, vers les penseurs de l’évolution pour qui l’Univers tout entier était doué de vie. Thalès fut le premier représentant de tous les évolutionnistes de l’époque antique. Il voyait dans la substance hydrique l’origine de toutes choses. Anaximandre, son successeur à l’école Milésienne, nous amènera le concept de « l’Apeiron » qui est le principe de l’illimité. Hécatée de Milet, l’historien, ami de Thalès, qui, à la suite du mouvement poétique homérien, nous introduira à la science cartographique, participera à l’entreprise de démythologisation de la pensée et de l’histoire humaine. Puis Héraclite, l’autodidacte connu par le « Théétète » de Platon et au travers d’une métaphore sur l’eau qui serait chère à Thalès, nous révélant que, « Pour que l’eau flue dans la permanence du fleuve, il a fallu auparavant que le feu flambe ». Puis Zénon d’Élée, le penseur de l’espace, du temps et du mouvement, qui nous enseignera un principe de résolution des paradoxes. Mais que dire de Parménide, le premier des Éléates, ces théoriciens de l’Immobile, penseur de l’Être et du non-Être, le premier aussi à clamer « Je pense donc je suis », constituant la science de « l’Ontologie » ? Puis également Démocrite, le philosophe polymathe (savant en tout) qui affirma à la fin de sa longue vie : « En réalité, nous ne savons rien », alors même qu’il n’a toujours pas été démenti sur l’essentiel de ses conceptions physiques de notre Univers.
21- Ainsi, tous ces sages nous ont prouvé pour la première fois depuis le début des temps que les Dieux n’ont pas créé ce monde une fois pour toutes et qu’ils nous l’ont légué intégralement. « Nous voulions que notre demeure nous soit laissée, eh bien, elle nous est laissée », nous dit René Girard, un anthropologue du mimétisme. Il y eut Pythagore, un brillant élève de Thalès. Il disait : « Ce n’est pas dans n’importe quel bois que l’on peut sculpter Hermès », exigeant à l’extrême l’excellence de ses adeptes, les « Ésotériques ». Initié d’« Atoum-Rê » durant son séjour en Égypte, dans la cité de Thèbes, où il fut confronté au « Livre des morts » et à la « Tétractys », puis en Babylonie, d’où il ramènera ce qui constituera plus tard la « Gematria » avec laquelle il bâtira le temple de l’esprit des nombres pour les élever jusqu’au royaume du « Mystère ». Cela deviendra entre autres une référence future pour tous les alchimistes. Ainsi, avec lui, les nombres nous communiquent leur sagesse. Mais que serait la sagesse des nombres sans les moyens de les confronter entre eux ? Il a bien fallu la logique pour trier, opposer, hiérarchiser les expressions du langage des nombres. Aristote en fonda une bonne partie à la suite de Platon, le grand recteur des Universaux et des Universités. Classification des volumes, des fréquences, des courbes, des espèces, des catégories, des ensembles, des formes et des objets éternels. Puis il y eut Xénocrate, à qui l’on attribue la division de la philosophie en logique, physique et éthique, c’est un platonicien pythagorisant ouvrant l’aire de la logique en philosophie. Il distingue trois sortes d’essences, auxquelles il fait correspondre trois types de connaissances : premièrement, l’Intelligible ou les Idées connues par l’intellection pure ; puis ce qui est connu par l’opinion, c’est la « Doxa » ; et deux principes catégoriques, l’Un et la Dyade, irréductibles. Dieu est la Monade, l’Âme du monde est la Dyade.
22- L’évolution de la pensée occidentale tient beaucoup à l’évolution des mathématiques qui, par la plume du collectif de mathématiciens connu sous le nom d’« Euclide », apporta l’essentiel de la géométrie et de l’algèbre, ouvrant la porte au plus prodigieux des philosophes, « Baruch Spinoza ». Avec lui, c’est la révélation d’une géométrie qui nous indique le sens de l’harmonie universelle, c’est l’« Éthique ». L’« Éthique » n’est pas un guide à suivre comme l’on ferait pour la morale chrétienne, mais c’est l’ensemble des principes intuitifs, comme le sont les éléments d’Euclide, qui nous mènent tout droit à la contemplation de l’Être en soi sous l’apparence d’un Autrui. En suivant les enseignements du mathématicien Tschirnhaus, ami de l’opticien Spinoza, le philosophe et mathématicien Leibniz maintiendra une filiation directe avec le Maître de La Haye qu’il rencontrera plus tard. Ainsi, suite à la géométrie de la Béatitude du Maître hollando-portugais, le mathématicien Leibniz nous introduit à la conscience de l’infiniment petit avec le calcul infinitésimal et le calcul intégral. Muni de ces fabuleux outils, sa métaphysique prend la forme d’une fantastique mécanique des âmes : la « Monadologie ». Cette Monadologie, accompagnée de sa Théodicée (qui pose la question : S’il y a le Bien, pourquoi le Mal ?), sera tirée des enseignements de Platon et sera le modèle futur des biologistes pour expliquer la fluence de la vie.
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