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Hello World, tout une histoire
Alors tout cela, au fond, n’est-il qu’une histoire de LSD-25 ?
Ou bien, justement, est-ce la mauvaise question ?
Il est certain que psychotropes et musique se sont jumelées en une parfaite symbiose, ont fait partie intégrante du même trip, constituant un double moyen pour enfoncer les barrières psychologiques qui bloquaient depuis très longtemps la jeunesse américaine. Ce qui s’est passé, à San Francisco, c’est l’expérimentation à grande échelle d’un style de vie quasi communautaire, une tentative pour rompre avec l’Amérique conventionnelle, avec le conformisme du capitalisme consumériste, avec la répartition rigide des rôles entre les sexes, avec la violence de la guerre du Viêt-nam, afin de créer une tribu nouvelle, celle des beaux créatifs culturels. Les hallucinogènes ont simplement servi de voie de passage vers un paradis tout neuf, où le monde pouvait désormais s’appréhender sur un plan mystique, en tant que réseau cosmique, et non comme un course de rats atomisée.
L’expérience a échoué, évidemment, et son échec a jeté une ombre sinistre sur le devenir de la culture pop. Pourquoi, entre tous les autres, les hommes et femmes de la Love Génération n’ont-ils pas réellement appris à s’aimer? Pourquoi les Sixties se sont-elles achevées avec Altamont, et pourquoi Haight-Ashbury a-t-il fini ensordide parade de junkies et de petits braqueurs ?
Parce que l’innocence sera toujours violé ? ou simplement parce qu’il est dans la nature humaine de toujours tout foutre en l’air ?
Selon les mots de william Burroughs, « à partir de 1957, Sur la route a fait vendre des milliards de Levi’s et des millions de percolateurs, tout en lançant d’innombrables gamins sur la route. Ceci, bien entendu, fut partiellement imputable aux médias, ces opportuniste par excellence. Ils savent flairer la bonne histoire quand ils la voient passer, et le mouvement beat et afrobeat, c’en était une, et une grosse… Ce mouvement littéraire a surgi exactement au bon moment, et il disait quelque chose que des millions d’hommes et femmes de toutes nationalités, partout dans le monde, souhaitaient qu’on leur fasse entendre. Vous ne pouvez parler aux gens que de ce qu’ils savent déjà. L’aliénation, l’impatience, le mécontentement étaient là, à attendre, quand Kerouac a indiqué la route »
À l’automne 1961, Neal Cassady, légende beat et source d’inspiration de Kerouac pour le personnage de Dean Moriarty, atterrit à Perry Lane, où il reprit un rôle qui allait faire de lui en quelque sorte « l’aide de camp » de Ken Kesey. Cassady, trente-cinq ans en 1961, avait été l’éminence grise de Kerouac et de Ginsberg. Après leur départ, il se cherchait un nouveau Maître. Ses deux passions principales étaient les bagnoles et les femmes, il prétendait qu’à vingt et un ans, il avait déjà volé cinq-cents voituress et couché avec sept cent cinquante filles. Contrairement à Kerouac et Ginsberg, il était issu d’un milieu pauvre, déshérité. Apparement libre de toute allégeance, il avait la crédibilité de l’outsider par excellence, et pour ceux qui frayaient avec lui, il incarnait le mouvement beat dans sont esprit même.
À la villa de Kesey sur Perry Lane, de formidables quantités d’hallucinogènes étaient consommées à la fois par les occupants et par le nombre croissant d’écrivains, d’artistes ou de simples pique-assiettes qui se pointaient à la fête. « On était plus jeunes que la plupart des Pranksters, racontera Jerry Garcia, habitué de Perry Lane, mais qui se rangeait parmi les plus timides. On était pas des étudiants de premier cycle très sérieux. On passait notre temps dans la rue. On se contentait de se défoncer et de faire les fous, tu vois? Au niveau social, notre scène comptait quelques anciens de Stanford et quelques membres du corps enseignant. Ça se passait à Palo Alto : on ne peut pas faire plus bohème, comme endroit. Mais on était vraiment des dionysiaques ».
À l’été 1963, les droits d’auteur de « Vol au-dessus d’un nid de coucous », roman unanimement salué, financièrement l’achat d’une grande baraque en rondins dans les collines de la Honda, au nord-ouest de Palo Alto. Là-bas, Kesey et ses compars purent s’y donner à fond. Isolés sur un terrain de trois hectares traversé par un torrent de montagne, ils furent libres de poursuivre leurs expérimentations chimiques loin des regards indiscrets. Dans et autour de cette maison au milieu des cèdres, ils installèrent tout un appareillage, avec des haut-parleurs, prenant leur pied à écouter des disques de Rashsaan Roland Kirk en coupant du bois. Kesey se détacha graduellement de l’écriture, exercice bourgeois selon lui et fondamentalement réducteur, au profit d’une activité qu’il considérait désormais comme plus primordiale, plus existentielle.
Car tout e rapportait maintenant à l’expérience capitale du LSD, et il fut impossible de continuer à suivre les règles sociales traditionnelles. Le retour de Ken Babbs, un copain de Kesey, un vrai dur qui venait d’effectuer son service actif comme pilote d’hélicoptère au Viêt-nam, marqua la naissance des Merry Pranksters ; les choses devinrent rapidement plus intense et plus folles. Les Pranksters s’achetèrent un bus de ramassage scolaire, un international Harvester de 1939, ancienne propriété d’un papa poule qui l’avait aménagé pour ses onze rejetons, et il le barbouillèrent de motifs psyché à la Ken Babbs, chargés d’une intense signification spirituelle. Ce bus devait devenir leur centre autant que leur symbole : soit tu y étais, soit tu n’y était pas, cosmiquement parlant. À l’été 1964, les Pranksters s’embarquèrent pour une odyssée démente, insomniaque et paranoïaque, qui devait les conduire au Texas, à travers le déserts du Southwest, puis à la Nouvelle-Orléans, pour remonter jusqu’a New York, où allait sortir le second opus de Ken Kesey, « Sometimes a Great Notion ». Tout au long du chemin, ils filmèrent leurs frasques et leurs rencontres avec l’Amérique des gens normaux. À l’arrière du bus pendait une pancarte où l’on pouvait lire « Attention Cargaison Bizarroïde ».
En arrivant à New York, Kesey et Babbs s’assirent sur le toit du bus, munis de flûtes et autres pipeaux, dans l’idée de traduire en musique l’humeur des gens de la rue, que ceux-ci aient l’air triste, agressif indigné, tendu, ivre ou autre. Ils en étaient à un tel stade que, voulant faire une visite surprise à Millbrook pour inviter Timothy Leary et Richard Alper, les gourous de l’acide, à se joindre à eux, ils furent jugés trop exubérants, trop chaotique pour cadrer avec la soi-disant League for Spiritual Discovery. De leur côté, ils trouvèrent Leary et Alpert, qui venaient tout juste de publier « The Psychedelic Experience », à la fois trop sérieux et trop affectés pour cette affaire de libération psychédélique. Les Pranksters concentrèrent leurs critiques sur le fossé entre cette « scène » radicalement vieillie, trop intellectuelle, et ce qui était en train de se passer chez eux, là-bas, sur la côte Ouest.
À San Francisco, l’acide changeait tout ; les Pranksters, qui en proclamait l’évangile, étaient des fanatiques de la conversion. « Personne, à l’époque, ne poursuivait pas une quête spirituelle, racontera Ellen Hamon, ex-membre du Family Dog, collectif fondé par Chet Helms pour organiser les concerts. Le truc, au départ, c’était juste de fuir loin de Papa et Maman pour faire absolument tout ce que tu voulais. Ce qui d’ailleurs s’est bien souvent résumé à traînasser à droite et à gauche, en tentant de se défoncer aussi fort que possible ! Et puis tout le monde a pris une bonne poignée d’acide et s’est retrouvé complètement « connecté ». C’est ce qui s’est produits avec cette scène là. Ils s’y sont vraiment mis ! ». L’acide a tracé une ligne de démarcation entre d’un côté ce qui était nouveau, de l’autre ce qui était vieux, entre la vielle scène beat et la nouvelle contre-culture de la jeunesse. Les vétérans beat se sont alors servis du terme péjoratif de hippies pour désigner les gamins de la classe moyenne partis s’encanailler à North Beach. Ironie de la chose, ce mot avait été forgé par les musiciens noirs à destination des beatnicks blanc qui fréquentaient la scène Jazz. Mais cela ne fit que révéler à quel point ils se sentaient menacés, maintenant qu’ils n’occupaient plus le haut de l’affiche. Il y avait du changement dans l’air, et tous les folkeux d’un peu plus de vingt ans comprirent qu’ils devaient fonder leur propre scène.
North Beach sembourgeoisant, de nombreuses « coffehouses » et boutiques de vêtements dans le coup commencèrent à apparaître du côté d’Haight-Ashbury, quartier ouvrier multiethnique situé à l’est du Golden Gate Park, qui abritait aussi beaucoup d’étudiants de la San Francisco State University, et de la redoutable Berkley, un foyer de créativité.
Le premier Acide Test, à supposer qu’on puisse lui donner ce nom, se déroula de façon assez décousue et désorganisée chez Ken Babbs, à San Cruz, à l’automne 1965. « Ça a démarré comme une fête, écrira Tom Wolfe, avec des films projetés sur les murs, des lumières, des bandes, et les Pranksters qui founissaient eux-mêmes la musique, sans parler du LSD.
Peut-être les Warlocks se méfiaient-ils du côté gourou-tyran de Ken Kesey, gardant aussi l’œil sur Cassady et le marteau qu’il s’amusait à jeter en l’air sans arrêt. En tout cas, visiblement cette expérience participative anarchique les conduisait bien loin des petits rades à strip-teaseuses d’El Camino Real et leur ambiance Top 50.
Selon les souvenirs de Jerry Garcia, « quand ça allait dans le bon sens, on pouvait arriver à capter quelque chose…comme un chaos organisé. On se mettait alors à planer, avec des flashes, des revirement dingues au cours desquels tout se décomposait… Il y avait sans cesse cette alternance bizarre, avec des connections électroneuronales tout à fait étranges ». La décision qui fit des Warlocks le groupe maison des acid Tests et les amena à changer leur nom en Greatful Dead s’inscrit comme un événement clé dans l’évolution de la scène locale.
Le 8 janvier 1966, San Francisco eut enfin son Acid Test, au Fillmore, pour être précis. C’était la première fois que la cité goûtait au bombardement psychédélique des Pranksters, qualifié par Marshall McLuan de surcharge sensoriel là ou Charles Perry, l’historien du Haight, évoquera une « terrassante simultanéité ». Comptant pour beaucoup dans le spectacle, une nouvelle façon de danser est apparue, relaxée, trippante, qui épousait le grouve hypnotique de la musique, des couleurs, des formes apportées par l’acide. « Les Tests, c’était des milliers de gens complètement défoncés qui se retrouvaient dans une pièce remplie d’autres milliers de gens dont ils n’avaient pas du tout peur », dira Jerry Garcia, dont le groupe a joué ce soir-là. La rave culture a vu le jour à ce moment là.
En juin, Chet Helms réussi à persuader Janis Joplin, elle découvrit un San Francisco bien différent de l’endroit quelle avait fui au printemps 1965, carbonisée, transformée en squelette par le speed. À propos de ses débuts immédiats sur scène à l’Avalon Ballroom comme chanteuse et nouveau leader de « Big Brother and the Holding Company », elle allait déclarer : « De toute ma vie, j’avais jamais ressenti un tel frisson… Je veux dire, j’avais jamais vu ce genre de soirée hippie auparavant, man, et là, je me suis retrouvée en plein dedans ».
Soudain en octobre de cette année 1966, après un été d’hystérie autour de gamins sous acide tombés du toit, la possession de LSD finit par être interdite. Ce revirement déboucha sur l’organisation d’un « Love Pageant Rally » par l’auteur Allen Cohen et le peintre de la Beat Génération Michael Bowen, du San Francisco Oracle, rassemblement qui devait célébrer l’innocence pour selon les termes de l’invitation, « vaincre la paranoïa et les scissions dont l’État veut se servir afin de diviser et réduire au silence le sentiment révolutionnaire grandissant chez les Californiens ». Manifestant leur appui, le Grateful Dead et Big Brother and the Holding Company donnèrent un concert gratuit dans la Panhandle, étroite bande d’espaces verts parallèle à Haight Street et emmanchée au Golden Gate Park.
À l’issue de cette journée, une discussion entre Cohen, Bowen et Alpert déboucha sur l’idée d’un Human Be-In, un « rassemblement des tribus » qui regrouperait les différentes factions à l’origine de la révolution hippie. Les trois se sentaient embarrassés par le dédain persistant des radicaux de Berkeley, qui avaient décrété la « marginalisation » passive incompatible avec le militantisme politique. « Berkeley se méfiait du rock selon Perry l’historien du Haight. Pendant la période du maccarthysme, le rock s’était rangé du côté de l’ennemi, tandis que le folk représentait la vraie musique révolutionnaire…Surtout, les politicards de Berkley méprisaient les gens du Haight pour leur manque d’opinions politiques, tout en acceptant mal que ces moins que rien…leur aient chipé l’étendard de la rébellion ».
En un sens Jerry Rubin et compagnie avaient raison, il y avait une forme d’apathie politique chez les hippies. « Tous ces trucs politique écrivait Tom Wolfe, toute la Nouvelle Gauche, d’un seul coup, dans le circuit hip de San Francisco, c’est fini… »
Mais ce qui était réellement du passé, c’était le sérieux et la vertu des années de lutte pour les droits civiques. Selon Ralph J. Gleason, la Gauche carrée ne comprenait pas la culture rock malgré les principes et précepts bien connus d’Adorno sur la musique populaire dans les transformations sociales. Pour lui, il se produisait dans le Haight des actes politiques d’un genre différent, qui ont amené, par exemple, les Hell’s Angels à devenir les gardiens des enfants perdus… ».
En première ligne, parmi les champions de ces « actes politiques d’un genre différent », se trouvaient les situationnistes venus du continent européens et les Diggers, formés en octobre après un meeting de « l’Artist Libération Front, auxquels assistèrent, entre autres, Michael Bowen, Allen Ginsberg, les frères Thelin et le romancier Richard Brautigan. Le moteur de cette petite troupe de radicaux des rues, c’était Emett Grogan, un anarchiste plein de charisme qui avait grandi à New York, dans le Lower East Side. Son belliqueux rejet de l’humanisme libéral s’appuyait fortement sur la tactique anti-institutionnelle d’irrationnalité systématique pratiquée par Kesey et les Pranksters. Avec l’aide d’un autre New-Yorkais, Billy Murcott « un ancien du Ringolevio ami d’Emmett rédigeait des bordées d’invectives marquées par un cynisme aggressif qui n’épargnaient rien ou presque, s’attaquant même au « vide » des rituels psychédéliques du Haight. « Combien de temps encore allez-vous supporter ces gens qui transforment votre trip en cash ? pouvait-on lire sur l’un des tracts des Diggers. On vous refourgue vos propres données et votre propre style… ».
La grande figure de Frisco c’était Bill Graham le directeur du Fillmore, mais qu’a apporté Bill Graham à San Francisco ? Il a tenu ses promesses, explique David Rubinson, de Columbia Records. Et tout ça, cash. On n’a jamais vu plus remarquable mariage entre la mentalité agressive des Catskill Montains, et les gens qui planaient complètement. Pete Townshend, des Who, estimait que sans Bill, toutes ces têtes vides partiraient en miettes. Même les Diggers et membres de la « Mime Troup Peter Cohon » acteur connu sous le nom de « Peter Coyote », que l’on peut voir faire de la pub pour une marque de voitures japonaises à la télé américaine, concédera : « il nous fallait toujours un Bill Graham pour nous aider à monter nos pièces de théâtre…
Une chose toutefois, s’agissant d’évaluer le rôle de Bill Graham, il ne doit pas être sous-estimée : l’attention qu’il portait à la musique elle-même. « Il y avait énormément d’émotion en lui, se souvient le guitariste David Robison. On en fait souvent un portrait très tranché, mais je l’ai connu sous un jour bien différent ».
Graham se faisait notamment une fierté d’associer des artistes très divers sur la scène du Fillmore. Dans son désir d’éduquer les hippie à la musique noire ou latino-américaine, il se montrait presque pédagogue. Il n’était pas rare de trouver Lightnin’ Hopkins sur une affiche au côté de Jefferson Airplane, ou Junior Wells associé au Gratefull Dead. Le concert d’Otis Redding au Fillmore, le 20 décembre 1966, a été dira Bill Graham « le meilleur gig que j’aie jamais organisé de toute ma vie ».
Début 1967, Graham si mit à aider Bill Thompson à manager le Jefferson Airplane. De terribles affrontements s’ensuiivvirent aussitôt entre le promoteur et le groupe. Un soir alors que Graham leur suggérait de s’animer un tout petit peu plus sur scène, Paul Kantner lâcha, d’un air méprisant, « Rien à foutre de ça, c’est du show-business. », « Connard ! Dans quel business crois-tu que tu sois ? » lui renvoya Bill.
Deux mois plus tard, l’écrivaine et essayiste Joan Didion vint à son tour en visite, depuis Los Angeles. Elle s’alarma de la sensation de menace omniprésente dans la communauté. En préambule d’un livre fameux, « Slouching Towards Bethlehem », elle fit observer que les consommateurs de drogues délaissaient déjà l’acide au profit des joies de la « crystal methedrine » en intraveineuse, ceux qui étaient encore en plein dans la drogue faisaient beaucoup de mauvais trips. Et là où il y avait crystal meth, l’héroïne arrivait bientôt, pour amortir la descente. Emmett Grogan lui-même se mit à toucher au smack au cours de l’été. Il allait mourir plus tard d’une overdose dans le métro de New York, un 1er avril, en 1978. Pour Didion qui citait le fameux poème de Yeats, « The Second Coming », « il n’y avait plus de point de repères ».
Il faut avouer que San Francisco avait une longueur d’avance sur L.A. en termes de drogues et de psychédélisme. Il y avait un schisme entre le nord et le sud. Le sud de la Californie était perçu par le nord comme une imitation plastoc du vrai truc, et nous, on se sentait supérieurs, parce qu’on le vivait réellement. Pour les gens de L.A., d’un autre côté, les filles de San Francisco étaient toutes des « granola-heads avec du poil sous les bras » (des écolos-baba-cools) « C’était une resucée de la vieille bataille Freaks versus Hippies, menée avec délectation par Frank Zappa dans un cinglant album des Mothers, « We’re Only In It For the Money ». Et l’opposition n’existait pas seulement entre le nord et le sud de la Californie, quand, au mois de mai, les membres du Velvet Underground étaient venus jouer au Fillmore, le supposé « tribalisme » de la culture hippie les avait consternés. Selon Morrissey, « à San Francisco, si tu ne souriait pas sans arrêt, ils devenaient très agressifs ». Au Fillmore, il y eut un clash entre le groupe et Bill Graham,qui les traita de « répugnants microbes new-yorkais ».
Le 6 octobre 1967, un an après le Love Pageant Rally d’Haight Hashbury, les Diggers organisèrent dans Haight street une marche Funèbre pour la « Mort des Hippies », le défilé se concluant par l’enterrement de l’enseigne de la Psychedelic Shop. Dans leur communiqué de presse, les Diggers fustigeaient « les medias qui jettent leurs filets, fabriquent des sacs où les gens en manque d’identité n’ont qu’à se glisser. Ta tête à la télé, ton style immortalisé sans âme… L’Homme libre, lui vomit son image et s’esclaffe dans les nuages… »
Dans les mois qui suivirent, les frères Thelin qui avaient ouvert la « boutique psychédélique » sur Haight Street quittèrent le Haight, en compagnie d’Allen Cohen et de Michael Bowen. Emmett Grogan rentra à New York, tandis que d’autres Diggers montaient au Morning Star ranch, proprièté de Lou Gottlieb.
Un exode général était en train de commencer, on quittait Haight-Ashbury pour « réussir à vivre tous ensemble à la campagne », dans les communautés hippies,
« L’espoir général » qu’évoquait Bill Graham aux beaux jours du Haight était désormais mort.
Comme le dira Derek Taylor, monté au septième ciel, à Monterey, grâce au Purple Haze d’Owsley, « les gens finissent toujours par foutre la merde » déclarait-il.
Ce qui à été fatal, c’est que les petites formations idéalistes de San Francisco ont fait l’erreur d’inviter, et de sous estimer, l’immense ego de Mick Jagger et des Rolling Stones. Le problème, en définitive, n’était pas les tendances psychopathes latentes du Hell’s Angel moyen ; c’était l’arrogance de ces sataniques rock stars londoniennes. Voir, peut-être, le péché même du vedettariat.
« Quel droit a ce dieu-là dieu-là de tomber sur ce pays de cette manière-là ?», s’interrogea Bill Graham, futur organisateur de plusieurs tournées américaines des Stones. Rock Scully, qui avait le premier suggéré ce concert, soutiendra que si les Stones « n’avaient pas été si durs en affaires, Bill Graham se serait certainement impliqué dans le concert d’Altamont, et çà se serait beaucoup mieux passé ». Le fait qu’Altamont, a mis en pleine lumière l’impréparation candide des Stones face à une telle situation, cela fut passé sous silence.
Rock Scully se rapprochera davantage de la vérité lorsque, dans « Living with the Dead », il déclara que Woodstock et Altamont étaient les deux bouts du même bâton merdeux…le résultat de la même maladie : l’hypertrophie de la bohême de masse à la fin des sixties.
Le flirt des Stone avec le diable, c’était la même chose que la sympathie des groupes de San Francisco avec les Hell’s Angels , la décadence présenté comme le chic ultime. Et quand les Angels, ce soir là, ont poignardé à mort Meredith Hunter, à peine quelques dizaines de centimètres au-dessous d’un Mick Jagger portant cape, le délire psychedelique paranoïaque du San Francisco des sixties a atteint son apogée.

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